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Concombre et soja disculpés… l’assassin court toujours !

Escherichia coli entérohémorragique (Eceh) a fait une nouvelle victime : une femme de 90 ans est décédée après avoir déclaré un syndrome hémolytique et urémique (SHU). Le bilan s’élève à présent à 23 morts, dont 22 en Allemagne et 1 en Suède. Une dizaine d’états européens recense des malades

Escherichia coli entérohémorragique (Eceh) a fait une nouvelle victime : une femme de 90 ans est décédée après avoir déclaré un syndrome hémolytique et urémique (SHU). Le bilan s’élève à présent à 23 morts, dont 22 en Allemagne et 1 en Suède. Une dizaine d’états européens recense des malades ; le Luxembourg et la Pologne se sont ajoutés à cette liste lundi 6 juin 2011.

Les soupçons, après s’être détournés des concombres, se sont portés sur les graines germées. Le ministre allemand de la Santé, Daniel Bahr, qui avait évoqué des « indices clairs », voit ses propos réfutés par les premières analyses réalisées. Sur 40 échantillons prélevés sur la marchandise, l’eau, le système d’aération, mais également les étals de l’exploitation allemande mise en cause, 23 se sont d’ores et déjà révélés négatifs. Les analyses se poursuivent sur les 17 échantillons restants prélevés dans une exploitation biologique produisant des graines germées dans un village à 80 km au sud de Hambourg.

De leur côté, les ministres européens se réunissent à Luxembourg de façon prématurée pour mettre en place des compensations financières aux pertes subies par les producteurs de fruits et légumes. L’Espagne, qui est le pays le plus touché, est particulièrement remontée contre l’Allemagne. Ainsi, la ministre espagnole de l’agriculture, Rosa Aguilar, évalue les pertes nationales à 225 M€ par semaine, et réclame le remboursement en totalité du préjudice par l’Allemagne. Elle a même prévenu que dans le cas contraire : « nous nous réservons le droit [de lancer] une action légale ».

Au total, les pertes sont évaluées à 5 M€ pour toute l’Europe, et ce uniquement pour les concombres et les tomates (3,3 M€ pour cette seule production) ! Les premiers ont vu leurs volumes de vente baisser de 40 % et les secondes de 20 %. Les producteurs néerlandais, belges, portugais, français et allemands accusent des baisses de ventes. De plus, les collectivités territoriales ont retiré concombres et tomates des menus des cantines.

La question se pose également de savoir quels agriculteurs pourront bénéficier des aides, car en principe seuls les producteurs de fruits et légumes membres d’une organisation ont le droit de percevoir une indemnisation exceptionnelle pour leurs invendus, à hauteur de 5% à 10% de la valeur annuelle de leur production. Or les producteurs de fruits et légumes indépendants sont majoritaires au sein de l’UE (65% de la profession).

Cette crise révèle en outre un grave dysfonctionnement du dispositif de sécurité sanitaire européen, comme l’a énoncé Bruno Le Maire. La Commission européenne, qui en est consciente, a affirmé qu’elle allait réfléchir à une réforme de son mécanisme d’alerte alimentaire, qui aurait été déclenché prématurément dans cette affaire. Le commissaire à la Santé, John Dalli, a précisé que le processus ne devrait pas pouvoir être mis en marche sans preuves scientifiques. La Santé est actuellement une compétence nationale au sein de l’Union Européenne, ce qui explique que l’alerte ait été déclenchée à partir des informations fournies par l’Allemagne.

ParLa rédaction
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