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Conflits d’intérêts à l’EFSA.

L’Autorité Européenne Sanitaire de Sécurité des Aliments (EFSA) a recours à des experts pour être conseillée sur ses dossiers. Ainsi, Riccardo Crebelli, directeur de recherche à l’Institut italien de la Santé et Ursula Gundert-Remy, ancienne experte en médecine à l’Institut allemand d’évaluation des risques, ont récemment été nommés par l’EFSA

L’Autorité Européenne Sanitaire de Sécurité des Aliments (EFSA) a recours à des experts pour être conseillée sur ses dossiers. Ainsi, Riccardo Crebelli, directeur de recherche à l’Institut italien de la Santé et Ursula Gundert-Remy, ancienne experte en médecine à l’Institut allemand d’évaluation des risques, ont récemment été nommés par l’EFSA pour participer au groupe scientifique chargé d’examiner les additifs alimentaires, dont l’aspartame.

Or, des recherches réalisées par deux ONG, le Corporate Europe Observatory (CEO, ou Observatoire Européen de l’Entreprise) et le Réseau Santé Environnement (RES) révèlent que ces deux experts auraient tous deux participé aux activités de conseil pour le laboratoire d’idées et de lobbying financé par l’industrie agroalimentaire International Life Sciences Institute (ILSI). Et ils auraient bien entendu tous deux omis de le déclarer.

  • Riccardo Crebelli a été membre du comité scientifique sur la sécurité des emballages alimentaires mis en place par l’ILSI en 2008
  • et Ursula Gundert-Remy a été nommée conseillère scientifique à la Fondation pour la Recherche de l’ILSI à Washington en 2005.

Ainsi,  le CEO et le RES ont écrit à l’EFSA pour demander le licenciement des deux experts, et se sont également adressés au Commissaire européen Maroš Šef?ovi? pour exiger l’établissement de nouvelles règles plus efficaces pour gérer au mieux les conflits d’intérêt au sein des agences de l’UE.

De plus, ce n’est pas la première fois que l’EFSA doit faire face à de tels « abus de confiance ». Ainsi, en juillet 2011, un rapport du CEO avait révélé que quatre autres membres de ce même groupe scientifique de l’EFSA auraient également eu des activités au sein de l’ILSI, à nouveau passées sous silence. Selon ce rapport, 11 des 20 experts du groupe présentaient un conflit d’intérêt, selon la définition donnée par l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) !

Selon Nina Holland, du CEO :

  • « l’EFSA a clairement échoué à apprendre de scandales précédents. En vertu des règles propres de l’EFSA, les membres des groupes scientifiques sont tenus de déclarer leurs conflits d’intérêts potentiels. Deux nouveaux membres du groupes sur les additifs alimentaires (ANS) semblent être en violation de ces règles, et nous croyons par conséquent qu’ils doivent être écartés ».

Même constat pour André Cicolella, du RES :

  • « la Commission doit adopter des règles beaucoup plus strictes pour éviter ces scandales récurrents qui minent la confiance du public dans notre système de sécurité alimentaire. Les experts ayant fait de la consultance et du conseil sur une base rémunérée ou non pour les entreprises alimentaires, les associations de l’industrie alimentaire, ou les think tanks financés par l’industrie alimentaire durant ces cinq dernières années ne devraient pas être autorisés à siéger au sein de groupes scientifiques de l’EFSA ».

Selon les règles de l’EFSA sur les conflits d’intérêts, l’omission de divulguer « des conseils ou des services dans un domaine particulier relevant de la compétence de l’EFSA » est considérée comme une « violation prima facie de confiance envers l’EFSA qui pourrait conduire au licenciement de ces deux experts ».

ParLa rédaction
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