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Fruits et légumes, bacs plastiques contre plateaux cartons, la guerre ouverte.

Les producteurs de fruits et légumes déplorent que la grande distribution essaie en permanence de leur imposer l’utilisation de bacs plastiques à la place de plateaux en cartons. Cette remarque de Francis Andrieu, responsable emballages du syndicat Légumes de France, a d’autant plus d’importance en ce moment qu’il y a à peine quelques semaines,

Les producteurs de fruits et légumes déplorent que la grande distribution essaie en permanence de leur imposer l’utilisation de bacs plastiques à la place de plateaux en cartons. Cette remarque de Francis Andrieu, responsable emballages du syndicat Légumes de France, a d’autant plus d’importance en ce moment qu’il y a à peine quelques semaines, Carrefour Espagne annonçait le remplacement de tous les bacs plastiques utilisés par ces mêmes plateaux en cartons pour transporter et stocker les fruits et légumes ! Pourquoi donc une action synonyme d’une réduction de l’empreinte carbone de l’enseigne de 76% en Espagne n’est-elle pas transposée en France ?

Selon les propos d’un responsable de Carrefour interrogé à ce sujet par nos confrères d’Emballages Magazine, en France, « les bacs plastiques représentent une part de 27% des différentes solutions d’emballage et un volume de 30 millions de mouvements annuels sur un total de 120 millions, l’usage d’une caisse plastique à la place d’une caisse en carton permet une économie de 320 g de CO2 par rotation ». Il est vrai que la réutilisation des bacs permet aux magasins de ne pas avoir à se soucier de la valorisation et de l’élimination des déchets d’emballage. Mais les producteurs estiment que ce sont eux qui sont alors pénalisés. Angélique Delahaye, présidente de Légumes de France, constate : « avec le plastique, nous devons en assurer la gestion ; la consigne, de 1,50 euros du bac, est à notre charge si une caisse sort du circuit ; le montage est plus coûteux ; trop de bacs sont abîmés ; la mécanisation de l’étiquetage est difficile ; des ruptures d’approvisionnement surviennent en pleine récolte ; l’identification du produit, de la marque et de l’entreprise disparaît ; le plastique, par sa rigidité, absorbe moins les chocs, etc. ». Et de conclure qu’au final, les entreprises se transforment en sociétés d’emballages et non plus en producteurs de fruits et légumes.

  • Un matériau moins hygiénique.

Autre argument désormais mis en avant par les entreprises agroalimentaires, le plastique, de part sa réutilisation notamment, est moins « hygiénique » que les plateaux et cageots en cartons. Le peuplier, essence fréquemment utilisée pour ce type de fabrication, dispose de propriétés bactéricides non négligeables. De plus, les bacs employés sont généralement sales, à cause du nombre de stations de lavage, trop faible. En ces temps de crise sanitaire, ces arguments ont un réel impact. Et ce malgré la réponse d’Euro Pool System, leader du secteur de lavage des bacs en Europe, qui explique que « les unités de lavage, situées près des distributeurs, sont de véritables usines, avec des process automatisés, des contrôles qualités, techniques et microbiologiques très stricts ». A quoi de nombreux intervenants du secteur rétorquent que le marché français serait « low cost », et que le réseau des prestataires serait moins maillé.

  • Sur l’aspect environnemental maintenant.

Alors que les cartonniers insistent sur la recyclabilité (100%) de leur matériau, sur la gestion durable des forêts dont provient le bois, sur la technique du déroulage qui rend le bois très économe en énergie et sur les multiples impacts indirects liés aux bacs plastiques (prix du pétrole, gestion des déchets, transport, lavage, etc.), les défenseurs de ces derniers avancent également d’autres arguments : minimisation des déchets et gains logistiques.

  • Dernier terrain de bataille, le volet concurrentiel.

Tandis que les partisans des bacs arguent que le coût de l’utilisation d’un bac serait de 86 cts d’euros inférieur à celui d’un plateau en carton, à raison de 25 à 45 rotations par an, les cartonniers réfutent ces données, précisant qu’il faut plutôt compter sur 5 à 7 rotations par an, pour une durée de vie de 7 à 8 ans contre 10 à 20 annoncée. Dans cette guerre acharnée, reste une certitude : chaque producteur doit pouvoir avoir le choix de l’emballage qui lui convient le mieux.

ParLa rédaction
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