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Huile de palme, une jungle de labels…

Une grande partie de nos produits de consommation courante contient la controversée huile de palme. Bien que pointée du doigt pour son rôle dans la déforestation massive en Indonésie et en Malaisie, elle est recherchée par les industriels pour son faible coût et ses propriétés chimiques.

Une grande partie de nos produits de consommation courante contient la controversée huile de palme. Bien que pointée du doigt pour son rôle dans la déforestation massive en Indonésie et en Malaisie, elle est recherchée par les industriels pour son faible coût et ses propriétés chimiques. Ainsi, c’est nombre de nos chips, bonbons, chocolats, margarines et même des produits non alimentaires (comme le shampoing) qui contiennent l’huile controversée. On estime que 40% des forêts indonésiennes auraient déjà disparu à cause d’elle.

L’un des premiers réflexes pour tenter de lutter contre cette catastrophe écologique consiste à se référer aux étiquettes. C’est pourquoi on observe depuis peu la prolifération des labels « contient de l’huile de palme durable », « participe à la lutte contre la déforestation », tous prônant de l’huile de palme « écolo »…

  • Cette parade des industriels de l’agroalimentaire et des distributeurs ne trompe personne. Et surtout pas le Centre International de recherche sur les Forêts (Cifor), qui a récemment publié un rapport à charge sur la situation en 2009. Malgré l’engagement des acteurs de la filière à appliquer les standards de la Table ronde sur l’huile de palme durable (RSPO), le Cifor déplore qu’il « y a peu d’empressement à appliquer » ces normes.  Et Greenpeace va plus loin et affirme que ces allégations ne sont que du « greenwashing ».
  • En théorie, les adhérents à la fameuse RSPO sont supposés collecter leur huile de palme en Colombie où elle serait produite durablement. En pratique, la seule obligation pour obtenir la certification RSPO est de payer sa cotisation… D’après des propos recueillis par L’Express auprès de Jérôme Frignet, chargé de mission forêts pour Greenpeace, le RSPO « ne mandate pas d’experts pour effectuer des vérifications sur place ». Il affirme également qu’il existerait des plantations « vitrines » dont les entreprises se serviraient pour obtenir la certification RSPO, accédant ainsi à l’étiquette.
  • Il existe également d’autres certifications telles que Greenpalm. Cette dernière est la spécialiste des exigences minimales. Son principe, approuvé par la Table ronde RSPO, est le suivant : l’entreprise doit verser une certaine somme d’argent pour chaque tonne d’huile de palme qu’elle produit en échange de quoi Greenpalm s’engage à reverser une partie de cette somme, environ un dollar par tonne, pour la lutte contre la déforestation. Et l’entreprise obtient ainsi le droit d’alléguer que son huile de palme « participe à la lutte contre la déforestation », le consommateur ne percevant pas la nuance avec une allégation « huile de palme durable ». Cependant, Boris Pattenger du WWF tient à nuancer cette critique, affirmant que stigmatiser les entreprises ayant recours à Greenpalm serait contreproductif dans la lutte contre la déforestation, cette initiative étant tout de même un premier pas dans la réduction de l’impact environnemental de l’activité.
  • Autre certification, « mass balance » permet elle aussi d’accéder à une allégation « verte », et consiste à mélanger de l’huile de palme durable et non durable.
  • En revanche, « segregated » est le must en matière de certification. Elle ne s’applique qu’à de l’huile de palme 100% durable, avec une traçabilité de bout en bout de la chaîne de production. Du côté des industriels et de la grande distribution, la route est encore longue avant d’y parvenir.
ParLa rédaction
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