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« Laissez-les pendouiller ! »

Gaia, l’association belge de défense du bien-être des porcelets, a fait de cette phrase d’un goût douteux son slogan en cette journée du 9 septembre. Motif ? Se montrer solidaires des 5 millions de porcelets mâles castrés chaque année en Belgique, et ce sans anesthésie.

Gaia, l’association belge de défense du bien-être des porcelets, a fait de cette phrase d’un goût douteux son slogan en cette journée du 9 septembre. Motif ? Se montrer solidaires des 5 millions de porcelets mâles castrés chaque année en Belgique, et ce sans anesthésie. Gaia invite donc la gent masculine à ne porter ni slip ni caleçon le temps d’une journée, en signe de compassion pour les pauvres bêtes. Il faut préciser que cette pratique de castration est largement répandue dans la plupart des pays européens, France comprise. Le but est de supprimer l’odeur qui apparaît parfois lors de la cuisson de la viande de porcs, appelée « odeur du verrat ». L’androsténone et le scatol, deux substances présentes en concentrations plus élevées chez les porcs mâles « entiers » que chez les mâles castrés et les femelles, seraient responsables de ce désagrément.

L’ablation des testicules sans anesthésie, réputée comme une pratique « chirurgicale » particulièrement douloureuse, concernerait environ 100 millions de porcelets chaque année à travers l’Union européenne. Alors que cette pratique est largement majoritaire en Italie ou en France, elle est rare en Grande-Bretagne (moins de 2%), ainsi qu’au Portugal et en Grèce (10%). D’autres pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas ont vu les acteurs de la filière porcine faire le choix de stopper ce procédé d’ici à 2015, sans passer par la législation. La question se pose donc, quelles alternatives existe-t-il ?

  • La première, tout simplement, consiste à réaliser la castration mais sous anesthésie, comme en Norvège (obligatoire depuis 2002) ou en Suisse (obligatoire depuis 2009). Seul inconvénient, cela nécessite la présence d’un vétérinaire.
  • Solution plus coûteuse économiquement pour les pertes qu’elle engendre, on ne castre pas l’animal, mais on trie les carcasses des porcs mâles en fonction de leur odeur en aval de la production.
  • Grâce à son autorisation par la Commission européenne depuis 2009, il est également possible d’employer un vaccin spécifique destiné à réduire l’odeur du verrat.
  • Enfin, il est envisageable, dans un avenir à plus ou moins court terme, de sélectionner génétiquement les lignées de porcs donnant une viande sans odeur.

Armelle Prunier, spécialiste du bien-être animal à l’INRA, expliquait : « Dans l’ensemble, tout le monde s’accorde à dire que la castration chirurgicale sans anesthésie devra être un jour abandonnée, lorsque des alternatives acceptables seront disponibles. Tout le débat est de savoir ce qu’est une alternative acceptable, et quels moyens on veut bien mettre pour la rendre effective ». C’est sans doute pourquoi, depuis l’année dernière déjà, la Commission européenne a mis en place un groupe de réflexion sur le sujet, sous tutelle de la Direction Générale Santé et protection des consommateurs.

Représentée par la Fédération nationale des éleveurs de porcs, la France s’est engagée à réduire dès 2012 la douleur des porcs castrés (par exemple par l’administration d’antidouleurs post-opératoires). Les éleveurs français ont également annoncé qu’ils tenteraient d’abandonner cette pratique à partir de 2018… Autant dire que cela n’a en rien rassuré les associations de défense du bien-être animal. A ce jour, la démarche de Gaia aurait reçu le concours d’une dizaine de milliers d’hommes. Certains lieux branchés, comme le MP3 Bar de Bruxelles et sa « soirée sans slip », ont même organisé de leur propre initiative divers évènements pour soutenir la cause.

ParLa rédaction
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