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Alimentation infantile : le marché de la baby food ne connaît pas la crise

L’alimentation des nourrissons et jeunes enfants a toujours été une question délicate. En effet, elle doit assurer leur croissance et les éveiller au goût. La transition est particulièrement délicate lors de la phase de diversification, vers six mois. Les produits infantiles ont donc de nombreuses promesses à tenir.

Alimentation infantile : le marché de la baby food ne connaît pas la crise
S’il y a bien un marché qui ne connaît pas la crise, c’est bien celui de l’alimentation infantile qui redouble d’inventivité et d’innovation pour séduire les parents. Et régaler les bébés. Crédit photo : homard.net – Flickr – CC

L’alimentation des nourrissons et jeunes enfants a toujours été une question délicate. En effet, elle doit assurer leur croissance et les éveiller au goût. La transition est particulièrement délicate lors de la phase de diversification, vers six mois. Les produits infantiles ont donc de nombreuses promesses à tenir.

De plus, soucieux du bien-être de leurs enfants, les parents attachent énormément d’importance à la qualité des produits qu’ils achètent. Et, avouons-le, ils sont aussi un peu perdus. Comment s’y retrouver parmi 160 laits infantiles, dont 50 ne sont dédiés qu’au premier âge ? Il faut dire que le marché de l’alimentation infantile est imposant : en 2010, le seul secteur des aliments de « diversification » a rapporté 578 M€.

Le marché dans sa globalité est détenu en grosse majorité par deux poids-lourds de l’industrie agroalimentaire : Danone et Nestlé, qui ne totalisent pas moins de 83,1% de parts de marché en 2010. Agro-media.fr fait le point pour vous sur les principaux acteurs du secteur, ses tendances et ses enjeux.

Les acteurs du marché de l’alimentation infantile

Les deux figures emblématiques du marché de l’alimentation infantile sont Blédina, appartenant à Danone, et Nestlé, avec ses marques Nidal, NaturNes et P’tit.

Blédina est le numéro un du secteur aussi bien sur les laits infantiles que sur les produits de diversification. En 2010, la marque a lancé les « Assiettes du jour ». Prenant le relais des petits pots, ces préparations contiennent des morceaux fondants pour apprendre aux enfants à mâcher, et se destinent aux enfants de plus de dix mois.

Le produit a été un succès et sa gamme s’est élargie cette année. « Mon 1er Blédifruit », compote destinée aux nourrissons à partir de quatre mois, a également fait son apparition, se déclinant en parfums pomme, poire et pêche. Enfin, dès le début de l’année 2011, la gamme Blédilacté a accueilli de nouvelles références Blédi’Délice, qui sont des desserts élaborés pour les enfants de six à huit mois. Les nouvelles saveurs sont : biscuité, caramel, chocolat, vanille et crème de riz.

Nestlé, derrière le leader Danone, possède trois marques dédiées à chaque âge et type de produits. Ainsi, la gamme Nidal est destinée au lait infantile, NaturNes s’attaque à la délicate étape de la diversification alimentaire et P’tit se concentre sur les yaourts et goûters pour bébés.

Nestlé a tenté en 2011 de réinvestir massivement ce marché en donnant un coup de jeune à ses packagings et en lançant pas moins de trente nouveautés ! Parmi ces dernières, des NaturNes pour le soir et des NaturNes aux fruits, de nouvelles recettes et formats de coupelles lactées et une nouvelle gamme de recettes pour P’tit Pot. Enfin, Nestlé s’est également attaqué à la communication sur le web en mettant en ligne en début d’année le site www.bebenestle.fr, destiné à l’accompagnement des mères.

Ces deux géants possèdent 83,1% des parts de marchés et leurs concurrents deviennent de fait tout de suite bien plus anecdotiques… On peut néanmoins citer HiPP et Vitagermine, dédiés tous deux aux produits biologiques pour nourrissons, en plein essor.

Visite d’une usine Blédina

La qualité: préoccupation majeure du secteur de la nutrition infantile

La qualité des aliments pour bébés est un enjeu majeur. En effet, la santé des nourrissons ne doit en aucun cas être mise en péril. Le texte de base de tous les industriels du secteur est la directive 2006/141/CE, établie lors de la Commission du 22 décembre 2006. Elle précise les différentes dénominations et définit des valeurs seuils pour l’ensemble des constituants des préparations pour enfants.  Cependant certains industriels élaborent des cahiers des charges plus contraignants que la directive. Ces cahiers des charges sont souvent couplés à des allégations du type « approuvé par un comité de pédiatres », très en vogue et permettant de rassurer les consommateurs sur le bien-fondé des produits.

La qualité des préparations infantiles est une question d’autant plus préoccupante qu’une étude suédoise a révélé qu’elles seraient trop chargées aussi bien en termes d’éléments essentiels qu’en termes d’éléments toxiques. Les résultats étaient inquiétants : sur les neuf laits infantiles mis à l’essai, le taux de fer était jusqu’à 35 fois plus élevé que dans le lait maternel, 90 fois pour le molybdène, et 150 fois pour le manganèse. Pour les petits pots, les chercheurs ont trouvé jusqu’à 2 800 fois plus de manganèse que dans le lait maternel ! Ceux à base de riz contenaient entre 17 et 33 µg/kg d’arsenic.

Les éléments essentiels peuvent de plus s’avérer dangereux lorsqu’ils sont en excès, pouvant causer des problèmes de croissance et une altération du système immunitaire pour le fer, ou des troubles neuropsychologiques, dont l’hyperactivité, pour le manganèse. Les fabricants du secteur, de leur côté, ont rappelé que leurs produits subissent des contrôles très stricts et que ces taux restent en-dessous des limites tolérées. Des limites remises en question par les auteurs de l’étude.

L’un des risques majeurs concerne les bris de verre. Deux problèmes de qualité récents sont en lien avec ces derniers. Le premier concerne une procédure de rappel lancée fin juin 2011 par Nestlé, pour des P’tit Pot à la banane pouvant contenir des morceaux de verre. Le second, datant du 18 juillet 2011, concerne cette fois Blédina et ses compotes. Un grand-père, qui donnait le goûter à son petit-fils âgé de 19 mois, a remarqué la présence d’un bout de verre dans l’une des cuillères qu’il tendait à l’enfant. Heureusement, plus de peur que de mal.

Pour éviter la présence de verre dans les préparations, les fabricants de produits infantiles ont pour la plupart investi dans une machine à rayons X, située en fin de process. Pourtant, il semblerait que ce système ait des failles, au vu des deux problèmes récemment constatés. Et cela semble d’autant plus étrange que dans la seconde affaire le petit pot était en plastique…

Le verre est en effet utilisé pour ce type de produits de façon traditionnelle, mais le plastique commence à percer. Par exemple, Nestlé a tenté d’imposer ce matériau pour ses bols NaturNes en 2010. Mais le verre, considéré par les parents comme plus inerte et plus hygiénique que le plastique, mis en cause notamment dans les affaires de biberons au bisphénol A, inspire davantage confiance. C’est pourquoi les fabricants alternent entre verre et plastique.

Comment sont sélectionnées les matières premières de Nestlé ?

Entre laits maternels, infantiles, animaux et végétaux, les parents sont perdus

Il est très difficile pour les parents de ne pas se perdre dans la multitude de laits proposés pour les nourrissons. Essayons donc de clarifier les choses.

Le lait maternel est le lait le plus adapté aux besoins des bébés. Il contient l’ensemble des nutriments nécessaires au bon développement de l’enfant et est influencé par l’alimentation de la mère. Les bienfaits de l’allaitement sont grandement mis en avant par les Programmes Nationaux Nutrition Santé (PNNS) et autres messages de santé publique. Pourtant, chercher à tout prix du lait maternel pour nourrir son enfant même lorsque la mère ne peut pas le fournir peut s’avérer dangereux.

En effet, nous en parlions dès mai 2011, des réseaux s’étaient mis en place sur Facebook pour organiser l’échange de laits maternels entre particuliers. Le réseau « The Human milk for Human Babies Global Network » (HM4HB) s’était notamment spécialisé dans ce type de procédés.

Pourtant, de telles pratiques sont extrêmement risquées ! En effet, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) avait publié un communiqué pour mettre en garde les mères sur les dangers inhérents à ces échanges, principalement la présence potentielle d’agents infectieux : SIDA, hépatites, bactéries à l’origine de septicémies ou de méningites… Trouver du lait maternel sain et contrôlé est néanmoins possible, par le biais des lactariums. On en dénombre 19 en France.

Si l’enfant ne peut pas être nourri avec du lait maternel, il convient alors de se tourner vers des laits infantiles. Ces derniers sont généralement mis au point à partir de laits animaux et contiennent l’ensemble des nutriments nécessaires au bon développement de bébé. Ces laits industriels sont en effet enrichis en vitamines et autres minéraux. Pour les enfants allergiques, des laits infantiles végétaux ont également été élaborés à partir de riz par exemple et ils contiennent également l’ensemble des constituants nécessaires. En revanche, les laits végétaux purs, pour lesquels il n’est pas stipulé qu’il s’agit bien de lait infantile, sont dangereux.

En effet, les parents, attirés par la naturalité de ces produits, peuvent parfois les substituer aux laits infantiles animaux industriels. Or, ils sont pauvres en calcium, en minéraux et en acides gras essentiels. En outre ils n’apportent que peu de protéines et peu de calories aux bébés, pourtant nécessaires à leur développement. Ainsi, une telle substitution peut entraîner des malnutritions chez l’enfant. Lait végétal, non, mais lait infantile végétal, oui !

En conclusion, le marché de l’alimentation infantile est un marché délicat, dont la qualité est au cœur de toutes les préoccupations. Les parents, pour lesquels le bien-être de leur bébé importe plus que tout, sont prêts à payer plus cher pour obtenir des produits fiables et permettant le bon développement de l’enfant, à l’image de la nouvelle machine à capsule pour lait infantile de Nestlé, BabyNes.

Dominé par deux géants de l’agroalimentaire, l’arrivée de nouveaux entrants sur le marché est assez peu probable. Néanmoins, ce dernier possède encore une marge de manœuvre pour assurer sa croissance : 50% de l’alimentation des bébés de 4 à 15 mois est encore constituée  de produits non spécifiques ou faits maison.

De plus, le segment des jeunes enfants (jusqu’à 36 mois) conserve un potentiel de croissance important pour les années à venir. Enfin, le bio n’est pas en reste puisqu’il affiche un chiffre d’affaires en hausse de +0,7%. La naturalité des produits et les desserts lactés sont en plein essor, affichant respectivement +9% et +6%. Il ne reste plus aux parents qu’à faire leur choix.

Le marché de l’alimentation infantile en quelques chiffres :

Infographie alimentation infantile
Crédit : agro-media.fr

Etude Deloitte sur la nutrition infantile :

ParLa rédaction
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