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Fermes verticales, krill, burgers in vitro… découvrez les aliments du futur !

Les innovations sont légion dans le secteur agroalimentaire et dessinent peu à peu les aliments du futur. Les enjeux environnementaux (surexploitation des ressources) mais surtout l’énorme défi que représente le fait de nourrir une population mondiale toujours plus importante nous incitent à partir à la quête de nouveaux aliments.

Les innovations sont légion dans le secteur agroalimentaire et dessinent peu à peu les aliments du futur. Les enjeux environnementaux (surexploitation des ressources) mais surtout l’énorme défi que représente le fait de nourrir une population mondiale toujours plus importante nous incitent à partir à la quête de nouveaux aliments.

Quels types de produits consommerons-nous dans quelques années ? Où les produirons-nous ? Quelles sont les grandes tendances qui prédisent ce que seront nos aliments dans le futur ?

Agro-media.fr vous propose de faire un bond dans le futur à la découverte de ce que nous trouverons prochainement dans nos assiettes.


Les fermes du futur

Tout d’abord, où produirons-nous nos aliments dans le futur ? Le manque d’espace devient de plus en plus flagrant, et certains pays en sont même réduits à acquérir des terres à l’étranger (en Afrique subsaharienne principalement), comme la Chine, afin de nourrir leur population. De plus, l’urbanisation continue d’empiéter sur les terres agricoles.

 

Un concept permet d’associer agriculture et urbanisation : le développement de fermes verticales au cœur des gratte-ciels. Il a été imaginé par le professeur américain de sciences environnementales et de microbiologie Dickson Despommier et possède de nombreux avantages :

  • il permettrait de rapprocher producteurs et consommateurs,
  • d’offrir à ces derniers des aliments produits localement
  • et de réduire ainsi considérablement les problématiques liées au transport des denrées produites,
  • le tout sans modifier l’architecture des villes vu que la production aurait lieu au sein de buildings déjà existants (ce qui permet en outre d’avoir un environnement de production stable et non soumis aux aléas climatiques).

L’idée est de construire des serres verticales au sein des buildings et d’y cultiver nos aliments. Dans un premier temps, ces fermes pourraient accueillir des légumes, des fruits et des céréales, mais à plus long terme on pourrait également y élever porcs et volailles, voire bœufs et poissons.

La FAO a pour sa part donné son approbation à ce projet, estimant que ces fermes verticales sont une excellente solution pour assurer aux populations futures du monde entier de subvenir à leurs besoins élémentaires.

Cette vidéo illustre en image le concept des « fermes urbaines » :

 

Dickson Despommier estime qu’une ferme verticale de 30 étages pourrait nourrir 30 000 personnes et avoir un rendement moyen 5 fois plus important qu’une ferme traditionnelle. Il faudrait ainsi 150 fermes de ce type pour nourrir une ville telle que New York pendant un an.

 

Les premières fermes urbaines pourraient voir le jour d’ici une quinzaine d’années. Elles illustrent bien le fait qu’en terme de gestion de l’espace l’avenir est à la verticalité !

 

La source de protéines du futur : les insectes.

D’ici l’apparition de ces fermes d’un nouveau genre, l’aliment du futur pourrait bien nous environner depuis bien longtemps déjà. En effet, la FAO préconise depuis 2008 de consommer des insectes plutôt que de la viande, pour des considérations à la fois économiques et écologiques : leur élevage a un coût extrêmement faible, demande peu d’espace, n’emet pas de gaz à effet de serre…

 

Insectes cuisinés

Insectes cuisinés

 

Les insectes ont aussi un intérêt nutritionnel : les scientifiques estiment que la consommation de ces petites bêtes permettrait de lutter contre l’obésité. Ils sont en effet très riches en protéines (consommer 5 criquets seulement suffit pour atteindre l’apport protéique d’un steak), en vitamines A et B et en minéraux, tout en constituant un apport calorique faible et sans aucune matière grasse.

En plus, ce n’est pas le choix qui manque ! Plus de 1400 espèces d’insectes comestibles ont déjà été recensées.

 

Cependant, malgré les recommandations de la FAO, les initiatives européennes en faveur de cette alimentation d’un nouveau genre restent marginales. Les plus téméraires auront donc des difficultés à trouver des insectes comestibles.

Ils pourront néanmoins se tourner vers Insectes comestibles, qui propose à la fois des insectes grillés et aromatisés en snack, des bonbons, des sucettes et des alcools à base de ces petits animaux.

Le britannique Edible a également su s’imposer sur ce marché très particulier.

Enfin, le restaurant Al Pizza, situé à Guidel (56), propose un menu « dégustation » à 15 € dédié aux insectes. « On commence par un apéritif agrémenté de grillons frits, suivi d’une pizza au ténébrion pilé (petit ver de farine). On termine par des criquets ou des phasmes roulés au chocolat », explique Alexis Chambon, le patron du restaurant.

 

Pizza aux insectes

Pizza au ténébrion pilé du restaurant Al Pizza

 

Le tabou psychologique reste fort sur le vieux continent, et l’essor des insectes passera nécessairement par leur transformation, afin qu’ils ne soient pas identifiables visuellement par les consommateurs.

Néanmoins, ceci ne décourage pas Arnold Van Huis, entomologiste néerlandais convaincu, qui a déclaré lors d’une conférence : « Le jour viendra où les gens qui mangent des insectes seront plus nombreux que ceux qui mangent de la viande ». Ferez-vous partie des premiers ou des seconds ?

 

La salade de demain : les algues.

Pour accompagner les insectes, l’autre aliment qui s’impose comme celui du futur est l’algue. Elle est elle aussi disponible en de grandes quantités, respectueuse de l’enrivonnement et elle présente des bénéfices nutritionnels que les asiatiques connaissent depuis longtemps.

Notre chroniqueur MiamZ expliquait dans sa chronique publiée en février dernier à ce sujet qu’il existe plus de 20 000 espèces comestibles mais que seule une cinquantaine serait agréable en bouche.

 

Si, pour le moment, la grande majorité des entreprises produisant ou valorisant les algues est située en Asie, on trouve en France de plus en plus d’initiatives qui surfent sur cette tendance. On peut citer par exemple le projet Breizh’Alg, qui a pour objectif de soutenir la structuration d’une filière algue durable en Bretagne par le développement de l’Algoculture.

 

Le concours Sciences & Cuisine 2012 avait également placé l’algue au cœur des réflexions des candidats. Le premier prix, remporté par Elodie Brisset et Karine Le Roux, a couronné le projet « Crousti’algues ; la soupe comme un café, le goûter ». Les deux concurrentes ont imaginé trois déclinaisons à base d’algues :

  • un goûter constitué d’un verre de lait de céleri et ses billes lait/cannelle et de biscuits d’algues fourrés au beurre de sardine ;
  • une soupe d’algue « comme un café »
  • et des chips à base d’algues et de pommes de terre.

 

Crousti'algues

Visuels du lauréat du concours Sciences & Cuisine 2012

 

Le concours a permis de démontrer qu’il existait mille et une déclinaisons possibles des algues, au goût de chacun.

 

Les industriels ont déjà identifié le potentiel des algues et proposent des produits à base de ces denrées surprenantes. Ainsi, le traiteur spécialisé dans les produits de la mer, Cruscana, avait lancé en 2010 une gamme de produits à base d’algues, comme la « Tapenalgue » ou le « méli marin », constitué de trois références tartinables à la crème, au fromage blanc et aux algues wakake de Bretagne.

 

Méli marin Cruscana

Méli marin de Cruscana

 

La même année, la société Algues de Bretagne située à Rosporden (29) lançait des perles fabriquées à partir d’algues et aromatisées avec des parfums surprenant : eau de mer, citron, truffe, caramel, fraise…

 

Enfin, la spiruline, qui est un complément alimentaire largement reconnu pour ses propriétés nutritives exceptionnelles, est aussi une micro-algue bleue-verte en forme de spirale.

D’autres additifs utilisés dans l’industrie agroalimentaire sont produits à partir d’algues, comme Almagine HL, proposé par Roquette, qui propose aux développeurs une alternative lipidique (grâce à son profil lipidique très similaire à celui de l’huile d’olive) tout en contribuant à réduire les teneurs en matières grasses et les calories des produits qui l’intègrent.

 

Le hamburger du futur sera produit en laboratoire.

Si la consommation d’algues et d’insectes semble une excellente opportunité pour nourrir la planète tout en la préservant, dûr dûr pour la plupart des consommateurs européens d’oublier leur steak. Or, les associations écologistes ne cessent de dénoncer l’impact environnemental négatif de la consommation de viande.

 

De fait, des chercheurs se penchent depuis plusieurs années sur le développement de viande à partir de cellules souches.

Le Dr Mark Post a ainsi déclaré en février dernier à la presse qu’il prévoyait de dévoiler en octobre le premier « hamburger éprouvette ». Celui-ci permettrait de faire d’une pierre deux coups : améliorer le bien-être animal tout en préservant l’environnement.

Le Dr Mark Post est motivé pour sa part par un simple constat : « la production de viande devrait doubler d’ici 2050 pour répondre à la demande et mobilise déjà 70% de nos terres agricoles ». Effectivement, l’élevage n’est pas neutre en termes d’impact environnemental : 18% des gaz à effets de serre proviennent de cette source.

 

Le premier hamburger sera à base de cellules issues des muscles du squelette de bovins cultivés dans du sérum fœtal de veau. Pas très appétissant, dis comme ça. Mais le scientifique assure que « les tissus produits ont exactement la même structure que les originaux ».

Selon lui, « la viande produite à partir des cellules souches doit ressembler exactement à celle que nous avons l’habitude de consommer autrement il sera impossible de convaincre les gens de renoncer à ce qu’ils connaissent ». Le Dr Post dit « espérer réussir cela d’ici l’automne ».

 

Autre avantage de ces hamburgers de laboratoire : leur développement pourrait être contrôlé pour influer sur leur composition et l’on pourrait ainsi produire de la viande contenant davantage d’oméga 3.

De plus, toutes les viandes sont susceptibles d’être produites en laboratoire, selon le scientifique. Il espère voir cette technologie généralisée dans les dix à vingt prochaines années. Les consommateurs seront-ils alors prêts psychologiquement pour une révolution alimentaire d’une telle envergure ?

 

Hamburger de laboratoire

Pour l’instant, la viande du futur ressemble à cela…

 

Et si nous nous mettions au krill ?

Enfin, une autre ressource alimentaire, provenant de la mer et jusque-là inexploitée par l’homme, pourrait nourrir des milliards d’êtres humains : le krill.

 

Krill

Krill

 

Ce dernier, aussi baptisé Euphausia superba, représenterait 400 à 500 millions de tonnes de matière vivante, soit cinq fois ce que l’ensemble des pêcheurs prélèvent chaque année dans les océans du globe.

Depuis deux ans, de plus en plus de bateaux s’intéressent à cette nouvelle ressource, qui peut être convertie en farine de poissons destinée à l’aquaculture, en compléments alimentaires ou en aliments directement.

En effet, le krill aurait un goût proche de celui des crevettes, bien que sa carapace ne soit pas comestible. En 2002 déjà, l’entreprise canadienne Top Océan avait mise sur le marché de la « viande de krill », mais l’avait finalement retirée en raison de ses coûts de production élevés.

Néanmoins, comme toutes les autres ressources marines, bien que le krill représente une formidable opportunité, il faudra raisonner sa pêche afin qu’il ne devienne pas, à son tour, une espèce surexploitée.

 

 

Tous les aliments du futur présentés dans cette analyse pourraient être une réponse appropriée au défi représenté par l’extension permanente de la population mondiale. A l’exception du bœuf synthétique, ils n’étaient jusque-là que peu ou pas valorisés par l’homme, et notamment en Europe. Ils soulèvent tous des tabous alimentaires fortement ancrés sur le vieux continent, voire des problèmes éthiques. Pourtant, leurs avantages sont indéniables. Alors, parviendrons-nous à faire face à nos peurs au bénéfice de l’ensemble de la planète ?  V.D.

ParLa rédaction
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