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Nutella et Huile de palme : le point sur la situation

Mercredi 7 novembre dernier, la commission des affaires sociales a adopté au Sénat un amendement qui vise à augmenter d’environ 300% la taxe d’un produit qui fait polémique : l’huile de Palme...

1/ Le point sur l’amendement « Nutella »

Mercredi 7 novembre dernier, la commission des affaires sociales a adopté au Sénat un amendement qui vise à augmenter d’environ 300% la taxe d’un produit qui fait polémique : l’huile de Palme.
Le grand méchant loup de la consommation en ce sujet n’est autre que Ferrero, avec son célèbre pot de pâte à tartiner Nutella. Produit phare d’un sujet qui fait polémique, la marque se voit attribuer ainsi un Bad Buzz et une communication désastreuse rien que par le nom de l’amendement, qui en fait donc la cible principale. Bien que n’étant pas la seule cible, il s’agit là d’une très mauvaise publicité qui fusille un produit sur la place publique. Ainsi, on peut se demander que penser de l’huile de palme et de cet amendement, et surtout quels peuvent être les impacts d’une telle communication pour le produit si adoré des français ?

2/ Ce qu’il est bon de savoir sur l’huile de palme

Tout d’abord, c’est une grave erreur de cantonner l’utilisation de l’huile de palme à la consommation alimentaire. Effectivement, l’huile de palme est trouvée dans de très nombreux produits de consommation quotidienne, tels que certains shampoings  cosmétiques ou carburants d’agriculture. Additionnés aux produits alimentaires, l’ONG écologique WWF souligne que près d’un tiers des produits de grande consommation contiennent de l’huile de palme.
Il est donc particulièrement maladroit de prendre Nutella comme seul exemple, et vous en ferez vous-même le constat en prêtant attention aux étiquettes des produits que vous achetez en grande surface.

3/ Pourquoi l’huile de palme fait polémique ?

Tout simplement car le développement des palmiers à huile a très rapidement pris la place de nombreuses forêts en Indonésie et en Malaisie, perturbant à la fois la biodiversité, les populations locales et bien d’autres facteurs encore. Ainsi, proposer de consommer de l’huile de palme participe à la déforestation, dans les grandes lignes.
Question santé, nous manquons encore de transparence à échelle nationale mais l’huile de palme est chargée d’acides gras saturés qui sont connus pour causer à terme des troubles cardio-vasculaires. Si les institutions nous ont toujours mises en garde contre les graisses animales, très peu indiquaient jusqu’il y a quelques années que certaines huiles végétales pouvaient être nocives au même titre que les graisses animales. D’ailleurs, la dénomination « huile de palme » est bien souvent remplacée par « huile végétale » sur les packagings, causant un sérieux manque de transparence pour le consommateur.

4/ La réaction de Nutella

Le groupe Ferrero n’a pas pour autant baissé les armes, et a choisi d’être réactif vis-à-vis de cet amendement. Ainsi, le Vendredi 16 Novembre dernier soit quelques jours après les conclusions de la commission des affaires sociales, Nutella s’est offert deux pleines pages dans de nombreux quotidiens français pour répondre aux attaques directes de cet amendement.
Bien entendu, la marque souligne que si l’huile de palme n’a pas été remplacée jusqu’alors, c’est bien pour une raison : cette huile « garantit l’onctuosité » tout en permettant « d’obtenir la consistance souhaitée sans avoir recours au processus d’hydrogénation des matières grasses, qui peut occasionner la formation d’acide gras trans ».

5/ Qu’en est-il de l’amendement ?

Le Sénat a rejeté le Jeudi 15 Novembre l’amendement dit « Nutella » qui devait également servir à financer le budget de la Sécurité Sociale française. Les députés ont souligné qu’augmenter les taxes serait contraire au développement de la croissance française puisque ces dernières touchent directement les consommateurs.
Ce qu’on peut saluer dans cette démarche c’est l’ouverture du débat sur l’huile de palme. Il existe désormais des exploitations pensées éco-responsables pour éviter la déforestation, mais ne sont pas encore assez nombreuses pour aplanir la polémique. Cela met également la lumière sur le manque de transparence des marques dans leur communication, Nutella a communiqué pour l’une des premières fois ouvertement sur l’huile de palme. Bien qu’il s’agisse là d’une action marketing, on peut toutefois saluer l’initiative et la réactivité face à la polémique.

6/ Mon approche critique

Cet article n’a pas pour but de donner un avis politique, ou même un avis tout court sur l’huile de palme. Il s’agit de prendre les faits uns à uns et des les décortiquer, afin d’en dégager le déroulement de l’histoire et l’approche critique que l’on peut avoir.
Ce que je constate, à mon échelle de communicante, c’est qu’il y a selon moi deux soucis.
Le premier résulte dans la stigmatisation d’une marque pour un problème plus large : on attaque Nutella mais ce n’est pas le seul produit à contenir de l’huile de palme, et pas le seul produit alimentaire. De plus, je trouve qu’il est particulièrement contre-productif d’ouvrir le débat dans le cadre du financement du budget de la Sécurité Sociale. L’huile de palme a certes des effets nocifs sur la santé, mais est présent ailleurs que dans des produits alimentaires.
Deuxièmement, il faudrait pousser les marques à la transparence avant de chercher à mettre en place des taxes : l’on constate que les étiquetages masquent l’huile de palme sous « huile végétale » ou « matière grasse végétale ». Il conviendrait d’informer au mieux les clients en demandant une transparence totale sur l’utilisation de ces produits.

Pour conclure, je fais partie de ces personnes qui pensent qu’il faudrait davantage communiquer à plus haute échelle pour informer les citoyens des risques de l’huile de palme et de ce qu’incombe sa culture, un peu comme l’on fait pour les campagnes de sécurité routière, ou encore « manger-bouger », avant de chercher à mettre en place des taxes.
De plus, ouvrir le débat en stigmatisant une marque est assez maladroit en ce sens où cela ne permet pas d’informer les consommateurs des autres produits contenant de l’huile de palme. Sans recul critique, l’on pourrait croire que Nutella est le seul à proposer de l’huile de palme, et il faut l’avouer, nous n’avons pas tous le même recul et regard critique sur les informations que l’on nous communique.

La question de l’huile de palme est bien loin d’être close. Mais je pense que les solutions engagées par des ONG comme WWF peuvent être un bon compromis : mettre en place des cultures écologiquement responsables et inscrites dans une problématique de développement durable, tout en veillant à limiter la quantité dans les produits de consommation courante.

Et vous, que pensez-vous de cette histoire ? Quelle est votre position et quelles solutions pensez-vous qu’il conviendrai de mettre en place, vis-à-vis de votre expérience de consommateur ?

Sources de réflexion : L’huile de Palme selon WWF – Rapport WWF – Libération – LCI – Midi Libre – Nutella Parlons-en // Voir la publicité de Nutella en Haute Définition

ParLa rédaction
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