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Bruxelles provoque la colère des pêcheurs et du ministère !

L’UE a en effet proposé une réforme de la politique de pêche menée ces dernières années. Cette réforme souhaite notamment s’attaquer à deux gros points noirs que sont la surpêche et la préservation des réserves de poissons. Ainsi, selon la commission, 75% des réserves de l’Union sont actuellement surexploitées.

Maria Damanaki, commissaire de l’UE à la Pêche a déclaré : « Nous ne pouvons pas nous permettre de poursuivre nos activités comme d’habitude (business as usual). Peut-être que dans les années précédentes, il était plus facile pour la commission, pour les gouvernements, et pour ce secteur de fermer leurs yeux. Mais nous ne pouvons plus le faire, parce que si nous le faisons, nos enfants ne verront plus de poisson dans leurs assiettes, mais seulement en photo ».

Pour cela la commission propose plusieurs dispositifs : 

Mesure phare de cette nouvelle politique, la commission oblige les bateaux de plus de 12 mètres et ceux de moins de 12 m disposant d’arts traînants à posséder des concessions de pêches transférables avant le 31 décembre 2013. Ces CPT sont des droits permettant l’utilisation individuelle de pêche. Ils sont détenus par les propriétaires des navires et peuvent donc être vendus au sein de l’UE. Le ministre de la Pêche, Bruno Le Maire, a affirmé que ces CPT étaient « inacceptables » « car il mettraient, à terme, les navires artisans dans les mains de la grande pêche industrielle ». En France, seuls 25,7% des bateaux seraient concernés par ces CPT.

L’UE souhaite atteindre des objectifs très rapidement. Ainsi zéro rejets d’espèces pélagiques (maquereaux, anchois, harengs, sardines,…) au 1er janvier 2014, zéro rejets pour le cabillaud et la sole au 1er janvier 2015 et zéro rejets de plies, turbots, grenadiers de roche, flétans et lingues bleues au 1er janvier 2016. La commission propose de transformer certains rejets en farines animales. Bruno Le Maire a réagi en déclarant que « cela n’a aucun sens pour la préservation de la ressource » il préfère penser « comme les pêcheurs qu’il faut trier au fond de la mer et pas sur les navires ».

Le nombre de bateaux et donc de pêcheurs va devoir être réduit pour pouvoir prélever uniquement les quantités ne mettant pas les stocks en danger. L’UE penche pour des objectifs atteints en 2015, à cela Paris répond que l’échéance est beaucoup trop proche et aurait des conséquences lourdes sur le secteur. Le ministère ajoute que la conférence de Nagoya en 2010 sur la biodiversité avait fixé des échéances à 2020.

En trois mois, les Etats doivent proposer des plans de gestion à long terme, basés sur une approche éco-systémique, au-delà c’est Bruxelles qui s’en chargera. 

A ces critiques du gouvernement et des pêcheurs s’opposent les discours des écologistes qui se félicitent des prises de positions de l’UE mais qui les jugent encore trop faibles, notamment en ce qui concerne la surpêche. Ainsi Saskia Richartz de Greenpeace déclare : « Ce dont nous avons aussi besoin, c’est d’un plan de réduction de cette flotte européenne surdimensionnée, et c’est ce qui manque dans la proposition. Au niveau des Etats membres, il y a de grands pays de pêche comme l’Espagne, la France et l’Italie. Et ils doivent vraiment réaliser que sans des mesures pour reconstituer les réserves de poissons, cette réforme sera un échec ».

Mme Damanaki, porteuse du projet a déclaré : « Mes difficultés commencent aujourd’hui, parce que nous devons convaincre les gouvernements des Etats Membres et le secteur, parce que sans leur coopération, nous n’aurons rien. Les négociations seront très difficiles ». La route promet d’être longue et semée d’obstacles…

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