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Le bisphénol A sur le banc des accusés.

Le bisphénol A, ou BPA, est un mélange de phénol et d’acétone utilisé dans la fabrication de nombreux plastiques. On le retrouve ainsi dans « près d’une soixantaine de secteurs d’activité », selon l’Anses, dont les conditionnements d’aliments et de boissons ou les tickets de caisse des supermarchés. Deux rapports publiés hier par l’Anses révèlent la potentielle dangerosité de ce composé sur l’être humain, dangerosité déjà avérée chez les animaux : « ce travail met en évidence des effets sanitaires, avérés chez l’animal et suspectés chez l’homme, même à de faibles niveaux d’exposition ».

Le BPA est un perturbateur endocrinien, ces derniers étant définis comme des substances pouvant interférer avec le fonctionnement des glandes endocrines, influant sur les hormones. L’équipe de chercheurs de l’Unité Xénobiotique de l’INRA Toulouse, dirigée par Daniel Zalko en collaboration avec les laboratoires Pierre Fabre, a ainsi découvert que le BPA pouvait pénétrer l’organisme humain par la peau.

Suite à la publication de ces rapports, les IAA se sont dites « surprises », comme l’explique Jean-René Buisson, président de l’Ania : « nous sommes surpris car il y a un an l’Agence européenne pour la sécurité des aliments (Efsa) et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ont estimé qu’il n’y avait pas de risque pour la santé. Nous étions dans une attitude de confiance ».

En effet, le débat sur le BPA ne date pas d’aujourd’hui. Petit historique :

Quels sont ces effets ? L’Anses en liste une dizaine potentiels dont sept avérés chez l’animal :

L’agroalimentaire a affirmé « ne […] pas lutter contre l’Anses » et trouver les « meilleures solutions » possibles. Un délai de trois ans est envisageable « raisonnablement » selon Jean-René Buisson. L’Anses a également appelé les industriels à contribution pour recueillir d’ici fin novembre toute donnée portant sur d’éventuels produits de substitution au BPA et sur leur innocuité.

L’étiquetage « systématique » des produits contenant du BPA pourrait également voir le jour, c’est en tous cas ce que souhaite Nathalie Kosciusko-Morizet : « ce que je propose, c’est d’abord un étiquetage systématique de tous les produits contenant du bisphénol A quand il y a un contact du produit avec les populations ». La principale voir d’exposition est la voie orale.

La reconnaissance par l’Anses du danger même à faibles doses, c’est-à-dire « à des doses notablement inférieures aux doses de référence utilisées à des fins réglementaires », a réjoui les chercheurs, qui souhaiteraient néanmoins une interdiction totale et immédiate du BPA.

En 2006, la production mondiale de BPA s’élevait à 3,8 millions de tonnes et la France en est grande consommatrice. Les travaux de l’Anses sont loin d’être finis : ils se poursuivent et concernent maintenant 50 autres substances suspectées d’être des perturbateurs endocriniens : bisphénols, phtalates, parabènes, perfluorés, composés bromés ou encore alkylphénols.

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