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Déchets de l’agroalimentaire : comment les valoriser ?

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Axéréal a levé 150 millions d'euros pour le développement de ses activités malt et agroalimentaire.

Le gaspillage alimentaire est une problématique aujourd’hui incontournable, à la fois pour les consommateurs, les producteurs et les industriels. Sur l’ensemble de la chaîne alimentaire, les pertes se répartissent de la manière suivante :

Les industriels du secteur agroalimentaire ne sont donc pas, directement, les premiers responsables du gaspillage alimentaire. L’optimisation de leurs procédés de fabrication et la valorisation de leurs co-produits leur permettent de grandement réduire leur quantité de déchets. Cependant, les IAA produisent tout de même chaque année des tonnes de déchets et doivent donc contribuer à l’effort de réduction.

Favoriser la valorisation des déchets dans l’agroalimentaire

D’après l’enquête réalisée pour le CERVIA et la DRIAAF, les déchets les plus couramment produits sont : les déchets de viande et carcasses, les déchets alimentaires ou biodéchets, les emballages (cartons, plastique, polystyrène, boîtes de conserve, …), les déchets assimilés aux ordures ménagères, les graisses et l’huile alimentaire usagée.
Les traitement de ces déchets est particulièrement coûteux. Il est donc plus intéressant pour les industriels de les recycler, de les composter ou de s’atteler véritablement à leur valorisation. Voici quelques exemples de mise à profit des déchets des industriels de l’agroalimentaire.
Dans la filière de la fabrication industrielle de pain et de pâtisserie, les déchets de pain et de pâte à pain sont courants. Ces sous-produits peuvent cependant être réutilisé pour l’alimentation porcine par exemple. Ils peuvent également faire l’objet d’un compostage ou d’une méthanisation.

Quelle type de valorisation pour quelle filière ?

Dans la filière viande, les deux types de déchets que l’on rencontre principalement sont les matériels à risques spécifiés, qui doivent être pris en charge par un prestataire spécialisé pour être incinéré, le plus souvent.. Mais on trouve également d’importante quantités de viande qui sont jetées. Celle-ci peut néanmoins être réutilisée comme sous-produit pour l’alimentation animale. Et là encore, le compostage et la méthanisation se présente comme une alternative.
De la même manière, le lactosérum, issu des filières fromagères, peut être utilisé comme sous-produit de l’alimentation porcine ; les épluchures et restes de nourriture des traiteurs ou issus de la transformation de fruits et légumes peuvent eux-aussi être facilement compostés ou méthanisés. Les traiteurs rejettent notamment également des huiles alimentaires usagées. Celles-ci peuvent être transformées en biocarburant. La filière de valorisation de ces huiles est tout juste en train de se construire. Il semblerait donc qu’environ 50% de ces huiles ne soient pas collectées au niveau national (mais 80% de ces volumes non collectés seraient issus des particuliers). Du biocarburant peut également être produit à partir des sous-produits de la vinification, comme le marc, la lie ou encore les bourbes, mais également à partir de graisses animales fondues.

Agroalimentaire : valoriser les molécules spécifiques

Dans la filière poissons et produits de la mer, les arrêtes, les têtes de poisson et la peau peuvent être utilisées dans l’alimentation, mais aussi pour la conception de produits de beauté.
Pour aller plus loin, il est possible de valoriser des molécules spécifiques. C’est l’objectif du projet VAMACOPIA, initié dans le cadre du RMT ACTIA ECOVAL, consistait en un inventaire détaillé des déchets et co-produits, de leurs gisements et de leur contenu effectif ou potentiel en composés d’intérêt économique. Les secteurs céréalier, de la distillerie, de la vigne et du vin et de la transformation de fruits et légumes ont été pris en compte.
Dans la filière céréalière, il est par exemple possible de valoriser les molécules de lignine, d’hémicellulose, cellulose, et des constituants plus minoritaires, comme des composés phénoliques, des cires, des protéines, etc. La lignine peu être valoriser en vanilline et ses analogues. Le cellulose peut par exemple servir à la fabrication de papier ou de panneaux à particules. De son côté, l’hémicellulose se retrouve dans l’éthanol, l’acide lactique, les dérivés du furfural, le glucose ou encore le xylose.
L’étude a par exemple permis de déterminer, pour la filière fruits et légumes, que le jus de salsifis peut servir à la production de FOS à propriétés prébiotiques, que les épinards pouvaient être utilisés dans la production d’antioxydants à application cosmétique, ou encore que les pelures d’oignons pouvaient donner des extractions d’antioxydants.

Extraits aux propriétés antioxydantes à partir de coproduits végétaux

Agrotec, le Centre de Ressources Technologiques agroalimentaire de l’Agropole à Agen, travaille également sur la valorisation des coproduits végétaux, depuis 20 ans environ. Le centre cherche notamment à exploiter les extraits ayant des propriétés antioxydantes, avec des méthodes économiques, peu coûteuses en énergie et sans solvant chimique. Le but est de pouvoir ensuite les utiliser dans l’alimentation humaine et animale et dans la cosmétique.
« Notre but est de proposer des méthodes de préservation de composés antioxydants, comme les polyphénols ou certaines vitamines provenant de coproduits de fruits ou de légumes. Par exemple, nous avons récupéré des gâteaux de presse de pommes, que des producteurs de jus cherchent à valoriser. En temps normal, ces produits sont jetés. Ils vont brunir en quelques minutes lorsque les polyphénols vont s’oxyder. Les travaux réalisés permettent d’envisager des solutions technologiques pour préserver toutes les propriétés antioxydantes de ces coproduits », explique Audrey Massias-Duchêne, doctorante à Agrotec, dans Process Alimentaire.

Des emballages plastifiés à partir de sous-produits

Autre projet, Bioboard, qui veut proposer un matériau pour les emballages alimentaires plastifiés, directement issu de sous-produits agroalimentaires. L’objectif : remplacer le thermoplastique par du petit-lait issu de la fabrication du fromage, du jus de pommes de terre issu de la production d’amidon, etc. Car chaque année environ 25 millions de tonnes de petit-lait, 65 000 tonnes de jus de fruit anhydre, ou encore 140 000 tonnes de pulpe de pomme de terre séchée sont gaspillées.

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