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Œufs : Comment la filière entend relancer le marché et poursuivre sa mutation

En 2017, près de 15 milliards d’œufs ont ainsi été vendus sur le marché français (+5% vs 2016), aussi bien aux consommateurs qu’aux professionnels de la restauration et de l’industrie.

Chaque jour, les Français achètent près de 20 millions d’œufs en magasins. Cet incontournable des cuisines est consommé par 96% d’entre eux ! En 2017, près de 15 milliards d’œufs ont ainsi été vendus sur le marché français (+5% vs 2016), aussi bien aux consommateurs qu’aux professionnels de la restauration et de l’industrie. Mais les attentes des consommateurs évoluent et l’ensemble de la filière doit s’adapter.

 


Une poule sur deux élevée en élevage alternatif à la cage aménagée et un nouveau logo «Œufs de France»

Avec 15 milliards d’œufs également produits sur son territoire (+4,3% vs 2016), la France est la championne d’Europe de la production ! rapporte le CNPO, l’interprofession française des oeufs. 

La filière française, reconnue pour son excellence, produit des œufs d’une qualité sanitaire optimale, dans le respect des normes européennes de bien-être animal, mais aussi environnementales les plus exigeantes du monde. À l’écoute du marché, les professionnels se mobilisent pour répondre aux attentes des consommateurs. Et, parmi leurs critères de choix lorsqu’ils achètent des œufs figurent : en premier, leur mode de production et, en deuxième, leur origine France.
C’est pourquoi la filière s’engage sur ces deux points : elle vient de fixer dans son Plan de Filière son objectif d’1 poule sur 2 élevée en élevage alternatif à la cage aménagée d’ici 2022 et lance le nouveau logo « Œufs de France » pour garantir des œufs 100% Made in France.

Traçabilité : Les consommateurs veulent des oeufs made in France

Pour valoriser son savoir-faire et faciliter l’identification de ses œufs «Made in France», la filière française lance le logo «Œufs de France». Avec ce nouveau logo connu et reconnu des Français, la filière des œufs garantit l’engagement de l’ensemble des maillons de la filière : accouveurs, éleveurs de poulettes, éleveurs de poules pondeuses, centres d’emballage et de transformation des œufs.
La démarche de traçabilité, qui intègre également qualité sanitaire et alimentation des animaux, est étroitement contrôlée par des organismes tiers. Une initiative qui répond aux attentes des Français : 85% d’entre eux estiment important que les œufs qu’ils achètent soient pondus en France et 89% sont même favorables à l’unique commercialisation des œufs d’origine française !

Une transition des élevages traduite dans le plan de filière

En complément de cette garantie d’origine, les professionnels se sont également engagés dans une démarche de transition de leurs élevages. D’ici 2022, au moins 1 poule pondeuse sur 2 sera élevée dans un élevage alternatif à la cage aménagée. Il pourra s’agir d’élevages au sol, en plein air ou bio.
Pour le moment, un tiers des poules sont élevées dans ce type d’élevages. Cette démarche volontaire, initiée dès octobre 2016, est aujourd’hui traduite dans le Plan de Filière à 5 ans élaboré en concertation avec l’ensemble des acteurs du secteur.
Il s’agit d’investir au moins 277 millions d’euros pour arrêter la production de près de 9 millions de poules élevées actuellement en cages et mettre en place 9 millions de poules en systèmes «alternatifs». L’objectif est ambitieux et les Français la savent.
79% estiment ainsi nécessaire pour les éleveurs de demander un délai aux enseignes de la grande distribution afin de s’adapter. Ils sont également 79% à trouver normal que les éleveurs demandent une aide financière aux distributeurs pour réaliser les investissements nécessaires à cette transition.

Des ventes en magasins à la hausse

Selon Kantar Worldpanel, le début de l’année 2018 est marqué par une augmentation des achats des ménages en magasins (50% du marché en volume). Les ventes d’œufs enregistrent ainsi une hausse de +1,4% sur les 3 premiers mois de l’année par rapport à la même période de l’année précédente.

Si les œufs standards représentent 1 œuf sur 2 vendu en magasins (52% en 2017), les œufs issus des élevages alternatifs constituent les moteurs de la progression. Sur le début de l’année 2018, les œufs issus de poules élevées au sol progressent ainsi de +10,6%, les œufs de plein air de +9,8% et les œufs bio de +9,8%, tandis que les œufs standards se replient à -3,5%.

Près de 15 milliards d’œufs produits en 2017 : la France Championne d’Europe

D’après les estimations de l’ITAVI basées sur la Commission Européenne et diverses sources statistiques nationales, la production d’œufs de consommation en 2017 a été de 7,09 millions de tonnes, soit 115 milliards d’œufs en Europe. En 2017, la France a produit 14,9 milliards d’œufs (925 000 tonnes), une production en hausse de +4,3% par rapport à 2016.
La France maintient ainsi sa place de premier producteur d’œufs de consommation dans l’UE (environ 13% de la production), suivie de l’Espagne, de l’Allemagne et de l’Italie.
La France est par ailleurs le 2e pays producteur d’œufs biologique en Europe (21% de la production européenne) après l’Allemagne (26%), loin devant les Pays-Bas (11%). Elle est également le 2e pays producteur d’œufs plein air (17%) après le Royaume-Uni (42%).
Depuis la fin des années 90, la production française d’œufs se diversifie de plus en plus vers les modes de production plein air, sol et biologique.
Ainsi, les effectifs de poules pondeuses en système alternatif sont estimés à 33% en 2016 contre 18% en 2006. Entre 2006 et 2016, le taux de croissance annuel moyen est de + 10,5% pour les systèmes biologiques, + 7,1% pour les systèmes au sol, + 5,3% pour les poules de plein air hors Label Rouge et + 3,9% pour le Label Rouge. La part des cages est quant à elle en baisse de 1,3% par an.

Une consommation française au-dessus de la moyenne européenne

La consommation moyenne d’œufs s’établit à 213 œufs par habitant (y compris ovoproduits) et par an en Union européenne. La France se situe au-dessus, avec une consommation moyenne de 217 œufs par an et par habitant, devant l’Italie.
En 2017, suite à la crise du fipronil qui a touché différents États-membres et épargné la France, les œufs d’origine française, reconnus pour leur qualité, ont enregistré une forte hausse de la demande du marché intérieur et européen, entraînant une augmentation des cours des œufs coquille et des ovoproduits.
En 2017, ce sont environ 15 milliards d’œufs qui ont été proposés sur le marché français, +5% vs 2016. Les achats d’œufs en coquille par les ménages représentent désormais 50% de la consommation globale, contre encore 47% l’année précédente.
Le reste des œufs est essentiellement consommé sous forme d’ovoproduits en restauration et par l’industrie agroalimentaire (39%) où ils sont utilisés en tant qu’ingrédients dans les pâtes, biscuits, sauces… La restauration utilise également des œufs coquilles : 7% des œufs consommés en France. L’autoconsommation représente quant à elle 4% de la consommation globale.

Hausse des achats des ménages français en 2018

Selon ITAVI et Kantar Worldpanel, sur les 3 premiers mois de l’année 2018, les ventes d’œufs en magasins enregistrent une progression de +1,5% par rapport à la même période de l’an passé. En 2017, en raison notamment des répercussions de la crise à laquelle ont été confrontés certains pays européens, les achats d’œufs des ménages se sont repliés de 1,4% par rapport à 2016.

Les œufs alternatifs gagnent du terrain

Depuis 2003, les achats d’œufs issus des élevages alternatifs aux élevages en cages gagnent du terrain en magasins. En 2017, la baisse des volumes d’œufs standards de 9,9% est ainsi compensée par la progression des achats d’œufs bio (+ 10,5%) ainsi que des œufs Label Rouge (+ 10,1%), des autres plein-air (+ 9,5%) et du sol (+ 21,8%). Sur les trois premiers mois de l’année 2018, la tendance se confirme avec un repli des achats d’œufs standards (- 3,5%) au profit des achats d’œufs bio (+ 4,8%), plein air (+ 9,8%) et sol (+ 10,6%).
Si la part des œufs alternatifs gagne du terrain et atteint désormais 48% de part de marché en magasins, les œufs standards restent toujours majoritaires, avec 52% des parts de marché. Lorsqu’ils achètent des œufs alternatifs, les ménages achètent en priorité des œufs de plein air (25% des ventes), puis bio (12%), Label Rouge (9%) et sol (2%).

L’origine française des œufs : primordiale pour les Français

Selon une enquête CNPO/CSA 2017, l’origine française reste un critère de choix essentiel pour les œufs. Pour choisir leurs œufs, les consommateurs s’attachent principalement à trois critères. Si le mode d’élevage arrive en première position pour orienter leur décision, leur origine française arrive immédiatement après, à égalité avec la date de ponte. Le prix n’arrive qu’en quatrième position suivi du calibre, de la marque et, enfin, de la couleur de la coquille.
L’origine française des œufs fait partie des critères de choix majeurs des consommateurs : 85% disent ainsi y attacher de l’importance. 89% d’entre eux seraient même favorables à ce que les magasins ne proposent que des œufs français dans leurs rayons. Pour plus de 8 Français sur 10, l’origine française des œufs permet de garantir leur qualité (85%) et leur fraîcheur (82%).

«Œufs de France» : traçabilité totale de la poule à l’œuf !

Avec le nouveau logo «Œufs de France», connu des Français et facilement identifiable, le CNPO s’inscrit dans une démarche collective, portée par l’Association des produits agricoles de France, pour garantir des œufs 100% Français. Ce logo garantit des œufs pondus sur le territoire national par des poules nées et élevées en France et conditionnés et/ou transformés en France s’il s’agit d’ovoproduits.
Cette nouvelle démarche concrétise l’engagement des acteurs de la filière à assurer une traçabilité pour des produits de confiance. Elle repose sur des engagements des différents maillons de la filière afin d’assurer une traçabilité complète et de mettre en avant la qualité française depuis la naissance du poussin jusqu’à l’emballage ou la transformation des œufs.

Le plan de filière des œufs français sur 5 ans

Le plan de filière des œufs français est articulé autour de 4 axes définis afin de : Répondre aux demandes des consommateurs et de la société tout en maintenant la souveraineté alimentaire de la France et sa compétitivité ; Renforcer les relations tout au long de la filière : de l’amont jusqu’au consommateur final ; Développer la recherche et les innovations au service de la filière des œufs et poursuivre la conquête des marchés et améliorer les connaissances sur la production et la consommation d’œufs et d’ovoproduits.
Pour répondre à la directive européenne «bien-être» applicable au 1er janvier 2012, de lourds investissements ont été réalisés, limitant aujourd’hui les capacités de transformation des élevages vers des productions alternatives.
«Les 5 prochaines années constituent un enjeu crucial pour la filière et c’est au cours de cette période qu’il convient d’assurer la transition d’une partie de la production, en fixant 4 objectifs» explique le CNPO. Le premier objectif étant d’assurer l’autosuffisance du marché intérieur en répondant aux demandes des différents débouchés.
Pour répondre à cet objectif, la filière s’engage notamment à dépasser 50% de la production en systèmes alternatifs à la cage à horizon 2022, en maintenant son potentiel actuel de production. Cet objectif nécessite l’arrêt de production de près de 9 millions de poules élevées actuellement en cages et des investissements pour la mise en place de 9 millions de poules en systèmes «alternatifs». L’atteinte de cet objectif devrait nécessiter au moins 277 millions d’euros d’investissements, hors coût du foncier.

+50% de poules bio et +20% de Label Rouge d’ici 2022

À horizon 2022, les filières sous signes officiels de qualité ont également leurs propres objectifs : Augmentation de 50% du nombre de poules pondeuses BIO, en lien avec le développement des grandes cultures (objectif 3,5 millions 5,2 millions de poules pondeuses BIO) ; Hausse de 20% du nombre de poules pondeuses Label Rouge (objectif 2,5 millions 3 millions de poules pondeuses Label Rouge).
Les professionnels de la filière et les représentants de la restauration hors domicile, de la distribution et des industries alimentaires s’engagent, dans le cadre d’une «contractualisation responsable» à accompagner financièrement la transition des élevages en cages vers d’autres modes de production, afin de répondre à la demande des marchés, des consommateurs et de la société. Parallèlement, les Français se disent prêts à payer plus cher pour accompagner cette transition.
L’autre objectif de la filière est de poursuivre les améliorations engagées en faveur du bien- être animal et de maintenir et renforcer les exigences sanitaires dans la filière. Ainsi, afin de répondre aux fortes attentes des consommateurs vis-à-vis de l’alimentation des animaux d’élevages, le CNPO tient à maintenir les garanties de sécurité sanitaire exemplaires permettant d’utiliser des matières premières sûres, tracées et durables.
Pour aller plus loin, le CNPO s’engage à promouvoir la certification Oqualim et à déployer la démarche Duralim auprès des opérateurs de la filière.

Développer la recherche et les innovations

La valorisation des coproduits, la réduction de l’utilisation des intrants chimiques en élevages sont autant de sujets qui nécessitent des innovations en continu afin de faire progresser la filière.

C’est pourquoi le CNPO travaille en étroite collaboration avec l’Institut technique de l’aviculture (Itavi) qui contribue au progrès de la filière en développant les connaissances scientifiques et techniques et en participant à l’évolution des pratiques professionnelles des acteurs de la filière.
Le CNPO s’engage ainsi à poursuivre ses partenariats en faveur du développement de recherches visant à renforcer les performances de la filière comme la lutte biologique contre les nuisibles ou encore le pilotage énergétique en temps réel des élevages.

Développer de nouveaux débouchés valorisants pour la filière

La filière a également l’ambition de se développer vers de nouveaux marchés à l’exportation, d’accélérer la recherche fondamentale sur les œufs et les ovoproduits pour répondre à des plus grandes exigences des consommateurs, d’améliorer la conservation des produits et de favoriser l’innovation dans la filière, de davantage valoriser les poules de réforme sur le marché français, etc.
Le CNPO souhaite également renforcer l’aide Casdar (Compte d’Affectation Spéciale pour le Développement Agricole et Rural) pour les Instituts techniques agricoles. Il est également question de renforcer l’innovation pour améliorer la sélection des animaux de la filière en développant et en mettant au point de nouveaux outils et des méthodes de sélection.
Par ailleurs, le CNPO demande au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation de rendre obligatoire l’utilisation de la Base de données avicole pour les déclarations de mises en place et de mouvements des animaux dans la filière des œufs via l’extension d’un accord interprofessionnel et d’œuvrer pour la dématérialisation des déclarations dans la filière des œufs. Le CNPO s’engage à cet effet à mettre en place un groupe technique pour déployer l’utilisation de la Base de données avicole à l’ensemble des éleveurs de poulettes et de poules pondeuses.
Le CNPO demande également au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation de mettre en place un observatoire de la production et de la consommation d’œufs dans le cadre de FranceAgriMer. (Sources : CNPO).

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