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L’invasion chinoise … dans notre assiette !

Qu’ont en commun les champignons en conserve, les pois mange-tout et les filets de poisson surgelés ? Ce sont tous des produits alimentaires chinois qui sont importés en quantité industrielle au Canada. En 2010, c’est près de 169 millions de dollars de produits alimentaires chinois qui furent importés au Canada. Un chiffre qui a triplé en moins de 10 ans ; en 2001 les importations d’aliments chinois représentaient à peine 46,6 millions. Étant offerts à des prix plus que compétitifs, les produits alimentaires chinois sont de plus en présent dans nos assiettes.

C’est plus de 300 000 personnes qui sont tombées malades et au moins 3 qui sont décédées suite au scandale du lait frelaté qui a touché la Chine en 2008. En 2011, c’est près de 120 personnes qui sont empoisonnées par du vinaigre à l’antigel. La Chine est sans conteste le pays des scandales alimentaires. Les Chinois eux-mêmes préfèrent payer plus cher pour acheter des produits importés, qu’ils jugent plus sûrs que les produits chinois. Pour les consommateurs chinois, la qualité des aliments passe avant l’éducation des enfants et les frais médicaux. Or, ces produits chinois se retrouvent de plus en plus dans notre assiette… Ces produits sont-ils vraiment plus à risque que les autres ?

Au Canada, c’est 43% des rappels d’aliments qui concernent les produits importés. Et malgré l’augmentation de l’importation d’aliments chinois, cette statistique reste plus ou moins constante. Il est intéressant de noter que selon des statistiques de 2007, le Mexique et la Chine arrivent au 2e et 3e rang des importations des aliments au Canada selon le pays d’origine avec seulement 3,8% et 3,4% bien loin derrière les États-Unis avec 57,1%. L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), quoique n’inspectant que de 2% à 5% de toutes les marchandises alimentaires importées, impose plusieurs mesures spéciales aux produits importés. Les programmes d’inspection des importations sont axés sur le risque. Les normes canadiennes en matière de salubrité des aliments sont établies par Santé Canada, mais c’est l’ACIA qui les applique. En mars 2011, l’ACIA comptait 4 898 membres du personnel d’inspection. L’ACIA dirige divers programmes visant à assurer la conformité des produits importés tel que le Programme national de vérification des résidus chimiques dans les fruits et légumes frais, qui consiste à contrôler la concentration de résidus dans les fruits et légumes produits au pays ou importés. Par ailleurs, en plus d’être responsables des marchandises qu’ils importent, les importateurs doivent s’assurer que ces dernières respectent la réglementation canadienne.

Il est aussi important de mentionner que malgré les risques apparents associés aux produits chinois, seulement 4 des 37 produits refusés d’entrer au Canada durant les 9 premiers mois de 2011 étaient des produits chinois.  Les produits chinois exportés sont en général de meilleures qualités que les produits chinois vendus localement.

Mais qu’advient-il des ingrédients chinois ? Contrairement à la Chine qui possède une politique d’indication du pays d’origine des produits alimentaires très stricte, les transformateurs ne sont pas dans l’obligation d’indiquer la provenance de leurs produits au Canada. Ce qui signifie qu’un jus de pommes peut très bien être fait à base de concentré de pommes chinoises sans que le consommateur ne soit au courant…

Au final, il ne faut pas oublier que ce sont les transformateurs qui sont responsables de la salubrité de leurs produits finis, et ce peu importe la provenance des matières premières qu’ils utilisent. Avec un système HACCP ou système de gestion de la qualité tel que le GFSI par exemple, qu’un transformateur utilise des ingrédients chinois ou des ingrédients locaux ne devrait avoir aucune incidence sur l’innocuité du produit fini. Les matières premières doivent être inspectées et approuvées dans de tels systèmes ce qui garantit leur innocuité indépendamment de leur provenance.

La Chine étant désormais un joueur majeur dans le commerce international, il faut s’attendre à voir encore plus de produits chinois dans nos assiettes dans les années à venir. Il ne faut par contre pas s’alarmer pour autant, les diverses mesures prises par l’industrie assurent plus que jamais l’innocuité des produits, et ce peu importe leur provenance. 

Références
1.    Le Canada possède un robuste système de contrôle des importations axé sur le risqué (http://www.inspection.gc.ca/francais/fssa/concen/specif/vegprofsf.shtml )
2.    En Chine, un vinaigre à l’antigel fait 11 morts (http://www.lexpress.fr/styles/minute-saveurs/en-chine-un-vinaigre-a-l-antigel-fait-11-morts_1022788.html )
3.    Notre Bouffe Made in China (http://www.cyberpresse.ca/actualites/201202/11/01-4495052-notre-bouffe-made-in-china.php )
4.    Effectif et personnel d’inspection de l’ACIA, de la création de l’Agence à mars 2011 (http://www.inspection.gc.ca/francais/agen/inspecf.shtml )
5.    Les aliments au Canada ( http://www.statcan.gc.ca/pub/16-201-x/2009000/t240-fra.htm )
6.    Vérification de la gestion de la salubrité des aliments importés (http://inspection.gc.ca/au-sujet-de-l-acia/responsabilisation/verifications-evaluations-et-revues/verification-de-la-gestion-de-la-salubrite-des-ali/fra/1304556072562/1304556147256)

 

Acronymes :
GFSI : Global Food Safety Initiative
HACCP : Hazard analysis and critical control points
ACIA : Agence canadienne d’inspection des aliments

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