Halal : pourrons-nous un jour choisir notre viande en tout état de cause ?
Marine Le Pen a déclenché une vaste polémique en déclarant que 100% de la viande vendue en Ile-de-France était halal. Bien que son affirmation ait été réfutée par le ministère de l’Agriculture, elle a tout de même permis de mettre en évidence les lacunes du système.

Marine Le Pen a déclenché une vaste polémique en déclarant que 100% de la viande vendue en Ile-de-France était halal. Bien que son affirmation ait été réfutée par le ministère de l’Agriculture, elle a tout de même permis de mettre en évidence les lacunes du système. En effet, les abattoirs ont de plus en plus recours à l’abattage halal pour valoriser au mieux leur production. Car, s’il n’est pas possible de vendre de la viande abattue de façon habituelle dans les circuits halal, l’inverse est aujourd’hui tout à fait possible. A moins de relever le numéro d’agrément de l’abattoir indiqué sur l’emballage de sa viande et d’appeler l’abattoir en question pour savoir quel type d’abattage il pratique, impossible de distinguer la viande halal d’une autre viande.
Les français consomment donc de la viande halal sans le savoir.
Dominique Langlois, le président du Sniv-Sncp, a confirmé : « il peut se trouver que des pièces ou des morceaux de viande soient issus de carcasses abattues selon ce rite ».
Pour le Front National, ce constat est inacceptable. Ainsi, l’avocat et porte-parole de Marine Le Pen, Wallerand de Saint Just, a déposé plainte « à la requête de deux associations, l’une de protection des consommateurs, l’autre de défense des animaux, pour infraction de tromperie sur les qualités substantielles des marchandises vendues et pour l’infraction d’actes de cruauté envers des animaux domestiques ».
De leur côté, les artisans bouchers franciliens ont demandé la mise en place d’un étiquetage obligatoire mentionnant l’abattage halal des animaux. Ils ont ainsi réclamé dans un communiqué « que le gouvernement français et le Parlement européen mettent en place un étiquetage obligatoire mentionnant le mode d’abattage afin que les professionnels et les consommateurs ne soient plus victimes d’un système et puissent acheter en toute transparence ».
Car si l’abattage halal est censé être « une dérogation, c’est-à-dire une exception », environ 32% des bovins, ovins et caprins sont abattus selon le rite musulman, selon la Direction générale de l’alimentation (DGAL). Or, l’abattage halal est contraire à la loi, comme le soulignent les artisans bouchers : « la loi française est très claire : “l’étourdissement des animaux est obligatoire avant l’abattage” ». Seulement, « pour des raisons économiques, certains abatteurs ovins et bovins misent sur la logique de complémentarité entre circuits de distribution musulmans et non-musulmans : ils abattent les animaux selon le rite puis vendent les avants et les abats aux boucheries musulmanes tandis que les morceaux arrières sont destinés aux non-musulmans. Pour cette raison, la production halal dépasse assez largement la consommation halal estimée », explique un rapport des ministères de l’Agriculture et de l’Intérieur.
Si la solution proposée par les artisans bouchers semble bonne, elle relève de la réglementation européenne. Car le type d’abattage n’est pas une mention obligatoire ; de plus, la France s’y oppose « afin de ne pas stigmatiser les communautés », selon le ministère.
Cedomir Nestorovic, professeur de management à l’ESSEC, a également expliqué à LSA que « le fait est de constater que l’estampille halal et son contraire haram ne sont pas obligatoires en France pour une raison simple : c’est que si l’estampille était obligatoire, l’Etat serait dans l’obligation de définir ce qu’est un produit halal, ce qu’est un certificat halal, qui est autorisé à délivrer un certificat halal et quel serait l’organisme de contrôle ». « Peu de pays occidentaux règlementent la question mais on peut citer le cas de certains Etats des Etats-Unis qui, dans leur protection du consommateur, obligent les marques qui vendent des produits halal à prouver qu’il s’agit bien de produits halal mais n’obligent pas les mêmes marques à prouver le contraire si elles vendent des produits qui ne sont pas halal ». Il a conclu en disant qu’ « on peut imaginer une estampille “non halal” mais là encore il faudrait définir le produit, la certification et l’organisme chargé de contrôle. Tout ceci n’est pas d’actualité en France et la polémique a de beaux jours devant elle ».
Un comble lorsque l’on sait que 73% des français portent une attention particulière aux conditions d’élevage. Quand pourrons-nous enfin acheter notre viande en tout état de cause ?
Source : agro-media.fr avec LSA (Yves Puget et Magali Picard), L’Express et AFP.

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