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Une caissière presque licenciée pour avoir « volé » un ticket de caisse.

Voilà une histoire qui ne peut pas laisser indifférent : Anne-Marie est caissière depuis dix ans dans un hypermarché Cora situé à Mondelange (57). Elle gagne 940€ par mois.

Voilà une histoire qui ne peut pas laisser indifférent : Anne-Marie est caissière depuis dix ans dans un hypermarché Cora situé à Mondelange (57). Elle gagne 940€ par mois. Le 24 septembre 2011, elle s’aperçoit que « sur un ticket oublié par une cliente à une caisse automatique, [figure] une offre promotionnelle de Mac Do », a-t-elle expliqué au Nouvel Observateur. Pensant aussitôt qu’elle pourrait en profiter pour faire plaisir à son fils, elle a « donc ramassé le ticket et découpé le bon ». A la fin de sa journée de travail, alors qu’elle s’apprête à rentrer chez elle, elle est convoquée par sa direction. Elle est intriguée, d’autant plus qu’elle est accompagnée jusqu’au bureau par un agent de sécurité. Elle va y être interrogée pendant deux heures, « dans une petite pièce avec une pression terrible », a commenté Denis Pesce, secrétaire de l’union CGT de la Moselle qui suit le dossier.

Mais pourquoi ? Tout simplement parce que Cora l’accuse d’avoir « volé » ce ticket de caisse, qui était la propriété de l’enseigne. Cette dernière porte plainte pour vol et Anne-Marie est convoquée à la gendarmerie. Le cauchemar continue. Cora, de son côté, réclame son licenciement. Le Procureur de la République, devant lequel l’affaire a été portée, lui adresse un rappel à la loi, confirmant que le ticket était bel et bien la propriété de Cora. Anne-Marie est convoquée pour un entretien préalable à son licenciement.

 

Aussitôt, on se mobilise autour d’Anne-Marie. Et on doute de la véritable motivation de cette plainte pour vol. Car Anne-Marie est aussi élue CGT au Comité d’entreprise de Cora et suppléante du délégué du personnel. Quel hasard… ! En plus, alors que les syndicats sont peu implantés dans la grande distribution, dans cet hyper Cora la CGT a reçu 85% des suffrages aux dernières élections. Pour le syndicat, il s’agit d’une « véritable chasse aux sorcières » dont a été victime Anne-Marie.

 

Quoi qu’il en soit, sur les réseaux sociaux aussi, l’affaire émeut. Hier après-midi, 245 commentaires acerbes étaient déjà présents sur la page Facebook du magasin Cora, dont :

  • « et pour un vol de pomme c’est la chaise électrique ?? »
  • ou bien « trois fois plus de raison d’aller faire ses courses ailleurs, chez une entreprise qui ne traite pas ses salariés comme des moins que rien ! ».

Idem sur Twitter, avec notamment la remarque avisée de Maitre_Eolas, qui a considéré que : « en tout cas bravo à Cora qui avec un ticket de réduction d’1€ pour un hamburger vient de s’offrir un bad buzz à 1 million d’euros ».

Aussitôt, Cora réagit et écrit : « nous avons conscience de l’émotion suscitée par les informations parues depuis ce matin ». Quant à Anne-Marie, elle se déclare « étonnée » de l’ampleur de l’affaire sur internet et trouve cela « sympa ».

 

Finalement, Cora a décidé de reculer hier soir et a annoncé l’abandon de la procédure de licenciement engagée. Peut-être la direction du distributeur a-t-elle entendu les propos de la députée PS de Mondelange, Aurélie Filippetti, qui a appelé dans un communiqué la direction à « mettre fin à cette mascarade honteuse au nom du respect de l’action syndicale ». Même réaction indignée du côté d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), qui a demandé à Cora de « mettre un terme final à cette procédure absurde » et qui a fustigé l’attitude du Parquet qui « en l’espèce aurait été bien inspiré de rappeler à la société Cora qu’il y a d’autres priorités pour la justice que de s’occuper de tickets de caisse destinés à la poubelle d’un supermarché ».

 

Aucun doute que cette affaire va coûter très cher au distributeur.

ParLa rédaction
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