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La FCD dresse l’état des lieux d’une filière alimentaire française en pleine mutation

La filière alimentaire en France connaît une série d’évolutions marquantes, comme le révèle une étude approfondie de la Fédération du Commerce et de la Distribution, menée par la directrice des études Isabelle Senand. Cette analyse sortie en janvier 2024 se penche sur différents aspects, dont les prix alimentaires, la consommation à domicile, l’activité des industries agroalimentaires, et l’état de …

La FCD dresse l’état des lieux d’une filière alimentaire française en pleine mutation

La filière alimentaire en France connaît une série d’évolutions marquantes, comme le révèle une étude approfondie de la Fédération du Commerce et de la Distribution, menée par la directrice des études Isabelle Senand. Cette analyse sortie en janvier 2024 se penche sur différents aspects, dont les prix alimentaires, la consommation à domicile, l’activité des industries agroalimentaires, et l’état de la restauration hors foyer.

En amont de la filière, l’étude évoque une détente des prix agricoles observée après la flambée de 2022 avec un indice IPAMPA qui a chuté de -3,5%, et des prix agricoles à la production qui ont diminué de -1%. Les cours internationaux des matières premières alimentaires affichent également une baisse. Cependant, les prix de vente industriels français ont enregistré une forte hausse de +11,4% en 2023, avec une tendance à la baisse depuis mai.

Concernant la consommation alimentaire des ménages à domicile, celle-ci a connu une contraction de -4,3% en 2023 par rapport à 2022, reflétant les arbitrages face à l’inflation. Les baisses sont notables dans la consommation de viandes, fruits, légumes, et le secteur bio confirme une contraction de -12,6% pour les ventes en grande distribution.

La conjoncture actuelle de la filière alimentaire française reflète un paysage en mutation.

S’adapter pour maintenir une croissance durable

Malgré une progression du chiffre d’affaires des industries agroalimentaires françaises (+7,8% sur 10 mois de 2023), la croissance en valeur ralentit, principalement à l’export. La production en volume enregistre une baisse de -2,6%, et l’indicateur d’opinion des chefs d’entreprises reste à un niveau bas. Cependant, l’emploi salarié dans le secteur a augmenté, dépassant les niveaux d’avant la crise.

La restauration hors foyer en France, quant à elle, a vu sa croissance se tasser au cours des 10 premiers mois de 2023 (+12,2% en valeur, +5,5% en volume), comparé à l’année précédente. Les prix à la consommation des services de restauration augmentent, et une baisse de fréquentation de 1% est signalée sur les trois derniers mois de l’année.

La conjoncture actuelle de la filière alimentaire française reflète ainsi un paysage en mutation. Les ajustements des prix, les arbitrages des consommateurs, et les défis à l’exportation sont des facteurs clés. Alors que l’inflation impacte les comportements d’achat, les acteurs de l’industrie doivent s’adapter pour maintenir une croissance durable. La restauration hors foyer, bien que résiliente, fait face à des défis de fréquentation. Dans ce contexte, l’industrie alimentaire doit rester agile pour prospérer dans les mois à venir souligne l’étude de la FCD.

La filière alimentaire en France navigue entre des marges au plus haut et des indicateurs de ralentissement, révélant une complexité de facteurs impactant le secteur, indique l’étude de la FCD.

Ainsi, dans l’industrie agroalimentaire française, les marges (EBE/VA) atteignent des niveaux remarquables au troisième trimestre de 2023. À 47,8%, le taux de marge est en légère baisse par rapport au deuxième trimestre, mais demeure parmi les plus élevés depuis 1994. Cette performance contraste avec le repli observé dans d’autres secteurs, soulignant la robustesse du secteur agroalimentaire.

La consommation alimentaire des ménages à domicile a continué de décliner au cours des 11 premiers mois de 2023, enregistrant une baisse significative de -4,3% par rapport à la même période de 2022. Cette diminution, liée aux arbitrages opérés en période d’inflation, indique un retour à la normale post-Covid tout en reflétant les ajustements des consommateurs.

Une dualité de performances

Dans le secteur de la restauration hors foyer, après le boom de 2022 (+39% en volume), une tendance au tassement progressif de l’activité se dessine, soulignant les défis persistants dans le contexte économique actuel.

Bien que le chiffre d’affaires des industries agroalimentaires ait enregistré une hausse de +8,5% au cours des 10 premiers mois de 2023 par rapport à 2022, la croissance montre des signes de ralentissement. Des disparités sectorielles sont notables, avec une accélération de la croissance pour certains secteurs tels que les « autres produits alimentaires », la boulangerie-pâtisserie, ou les fruits et légumes transformés. En revanche, le secteur des huiles et graisses a enregistré une contraction de -15%, et les boissons ont connu un tassement avec une croissance de +2,8%.

L’industrie des boissons, qui a rebondi après les impacts de la crise sanitaire en 2021 et 2022, montre un ralentissement de sa croissance au cours des 10 premiers mois de 2023. Les boissons alcooliques distillées subissent un recul de -6,8%, notamment en raison du recul des exportations (-2,2% pour le vin et -13% pour les alcools).

Concerant l’emploi, les données d’Acoss et de l’INSEE indiquent une croissance continue de l’emploi salarié dans les industries agroalimentaires au troisième trimestre de 2023, avec une augmentation de 0,7% en glissement annuel par rapport à 2022. Le secteur dépasse largement son niveau d’avant la crise, affichant une progression de +12,8% sur 10 ans.

La filière alimentaire française montre une dualité de performances, avec des marges au sommet, mais des signes de ralentissement dans certains secteurs. Les défis liés à la consommation, à la production et aux tendances du marché exigent une vigilance continue de la part des acteurs de l’industrie agroalimentaire pour maintenir la croissance et s’adapter aux évolutions économiques.

L’évolution des prix dans la filière alimentaire

Les fluctuations des prix dans la filière alimentaire, depuis la production agricole jusqu’à la consommation, reflètent des dynamiques complexes et diverses.

Les cours des matières premières dans le monde ont enregistré une tendance à la baisse au cours de l’année 2023. Les prix de l’énergie ont diminué de près de 30%, tandis que les prix des engrais ont connu une contraction de 35%. Les prix de l’alimentation ont également reculé de -9,2% en moyenne annuelle. Les fluctuations des prix des boissons reflètent des tendances contrastées, avec une augmentation de 1,4%, tirée à la hausse par les prix du cacao. L’Indice FAO des prix des produits alimentaires a enregistré une baisse de 10,1% sur un an en décembre 2023. Les cours des céréales ont augmenté de 1,5% par rapport à novembre, mais ont baissé de -16,6% par rapport à décembre 2022. Les prix des huiles végétales ont fortement chuté (-32,7%) sur l’ensemble de l’année 2023 par rapport à 2022.

Après la flambée des prix agricoles en 2022, une détente est observée. L’indice IPAMPA a baissé de 1% au cours des 11 premiers mois de 2023 par rapport à la même période en 2022. Les prix des engrais ont connu une baisse significative de -23,5%. Du côté de l’IPPAP, la tendance est similaire, avec une baisse de -3,5% au cours de la même période.

Les prix de vente industriels des produits agroalimentaires quant à eux ont augmenté de 11,4% au cours des 11 premiers mois de 2023, marquant une décélération depuis avril 2023. Les produits du travail du grain et les « autres produits alimentaires » ont connu des progressions notables, tandis que les prix des huiles et graisses ont diminué de -22%.

Augmentation significative en 2023 des prix à la consommation alimentaires

Les prix à la consommation des produits alimentaires en France ont augmenté de près de 12% en moyenne annuelle en 2023, après une hausse de 6,8% en 2022. Les produits frais ont enregistré une hausse de +9,6% en 2023, tandis que les produits transformés ont augmenté de +12,2%. Malgré une détente observée ces derniers mois, la croissance des prix à la consommation alimentaires s’est établie à 12,4% en 2023.

Selon Eurostat, en 2022, les prix à la consommation des produits alimentaires et boissons non alcoolisées sont 6,5% plus élevés en France par rapport à la moyenne de l’UE à 27. Le différentiel est plus marqué pour les fruits et légumes (+18%) et la viande (+26%).

En 2022, la consommation des ménages en services de restauration a connu une croissance notable de 38,5%. Les dépenses à domicile ont augmenté de 3,2%, principalement en raison de l’effet prix, avec une inflation proche de 7% sur les produits alimentaires. Les données de Circana indiquent une hausse des prix en hypermarchés et supermarchés, mais une décélération depuis mai 2023.

C’est un fait, la filière alimentaire traverse des phases variées de prix, depuis l’amont agricole jusqu’à la consommation finale. Alors que certains secteurs connaissent une détente après la flambée de 2022, d’autres témoignent d’une décélération de la croissance des prix à la consommation. Les défis économiques mondiaux continueront de façonner ces tendances dans les mois à venir, exigeant une adaptation constante de tous les acteurs de la filière alimentaire.

Les tendances de consommation en France : Entre optimisme, inflation, et évolutions alimentaires

La compréhension des préoccupations des consommateurs français est essentielle pour appréhender les dynamiques économiques et sociales du pays. À travers différentes enquêtes et données sectorielles, l’étude se base sur les sujets qui captivent l’attention des citoyens, des perspectives optimistes aux inquiétudes liées à l’inflation, tout en explorant les évolutions récentes dans la consommation alimentaire.

Ainsi, selon le dernier Eurobarometer de la Commission Européenne mené en octobre et novembre 2023, l’inflation demeure la principale préoccupation des Français (44%). Ce phénomène est particulièrement marqué chez les jeunes, avec 52% des 15-29 ans et 25-39 ans exprimant des inquiétudes. Comparativement, au niveau de l’UE27, l’inflation se classe en 4ème position, derrière l’immigration, la guerre en Ukraine, et la situation internationale.

Une enquête réalisée par Toluna et Harris Interactive en décembre 2023 révèle une hausse de l’optimisme parmi les Français, avec plus de la moitié d’entre eux considérant que l’année 2023 a été positive. Toutefois, cette positivité est contrebalancée par des préoccupations persistantes concernant l’inflation, 86% des répondants se déclarant inquiets à ce sujet.

L’INSEE a revu sa méthodologie pour évaluer les dépenses alimentaires des ménages, notant une réduction moins significative (-4,6%) au cours des 8 premiers mois de 2023 par rapport à l’ancienne méthodologie (-8,4%). Cette révision, intégrant des données de caisses et des indices de chiffre d’affaires, offre une vision plus fine de la consommation alimentaire.

Les données de Kantar Worldpanel indiquent une baisse des ventes de viande en France en 2023, accentuée par la crise. La viande bovine fraîche (-3,3%), le porc frais (-2,4%), et le veau (-2,4%) sont particulièrement touchés. En revanche, les achats de viandes surgelées ont progressé de 1,8%, avec la volaille montrant une résistance notable (+1,6%).

La résilience du marché des œufs

Le marché des œufs montre une résilience, avec une progression de 2,8% en volume au cours des 10 premiers mois de 2023. Le segment plein air progresse de manière significative (+12,6%), tandis que les œufs de poules en cage continuent de décliner (-14%).

Les achats de produits laitiers des consommateurs français ont reculé de 1,1% en volume au cours des 12 derniers mois à début décembre 2023 par rapport à la même période en 2022. La tendance semble être à l’arrêt progressif de la dégradation des ventes. Les ventes de crème ont même progressé de près de 3%, celles de fromages LS de +0,7%. En revanche, du côté du lait liquide, le repli est de -2,5% sur la période. Même chose pour les matières grasses laitières : -1,3%.

Concernant les évolutions dans la consommation de produits laitiers, les données de Kantar pour FranceAgrimer suggèrent une légère amélioration dans la consommation de produits laitiers à domicile. Les prix ont cependant augmenté entre 12,6% pour les fromages et 19% pour le lait liquide au cours des 10 premiers mois de l’année.

La demande en poissons, fruits frais, et légumes montre des baisses, malgré une progression des achats de pommes de terre. Les ventes de vins tranquilles baissent (-4% en volume), tandis que les vins effervescents voient une contraction des volumes (-2%). La restauration hors foyer a connu une croissance significative en 2022 (+44,7% en valeur), mais les dernières données suggèrent un tassement avec une hausse de seulement 2,8% entre les 5 premiers mois de 2023 et les 5 mois suivants. Les prix des services de restauration ont augmenté de +5,4% au cours des 10 premiers mois de 2023. Le solde commercial des produits agricoles et agroalimentaires a connu une dégradation en 2023, principalement en raison du creusement du déficit avec les pays de l’UE à 27.

L’optimisme global des consommateurs français coexiste avec des préoccupations croissantes liées à l’inflation. Les évolutions dans la consommation alimentaire reflètent des tendances variées, de la résilience du marché des œufs à la contraction des ventes de viande. Ces tendances offrent une perspective sur les dynamiques socio-économiques du pays et soulignent l’importance d’ajuster les politiques et les stratégies commerciales en conséquence.

(Sources : Données issues de la Conjoncture filière alimentaire (France)/ FCD / Janvier 2024)

ParLa rédaction
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