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Le marché du bio en 2010.

Il est partout et tout le monde le connaît : le bio connait un véritable essor. Il s’installe dans notre assiette, que ce soit chez soi, à la cantine, au restaurant, au fast-food… Difficile de passer outre. Un sondage mené par l’Ifop et commandité par le WWF et la marque de produits biologiques Vrai révèle que bien que la consommation …

Il est partout et tout le monde le connaît : le bio connait un véritable essor. Il s’installe dans notre assiette, que ce soit chez soi, à la cantine, au restaurant, au fast-food… Difficile de passer outre. Un sondage mené par l’Ifop et commandité par le WWF et la marque de produits biologiques Vrai révèle que bien que la consommation de produits issus de l’agriculture biologique se développe, les consommateurs tendent à considérer le bio comme un effet de mode et doutent des labels. De plus, les récentes crises sanitaires et plus particulièrement l’épidémie à Escherichia coli les ont refroidis. D’autre part, le bio apparaît pour de nombreux agriculteurs comme une filière sûre et valorisante pour leurs productions. 3,9% de la Surface Agricole Utile (SAU) serait utilisée pour produire des cultures selon les conditions de l’agriculture biologique. Entre les polémiques et la réalité, difficile pour les consommateurs de s’y retrouver.

Chiffres du marché bio en 2010, impact sur la santé, prix, crises, labels et promotion de la filière… agro-media.fr vous dit tout sur ce marché en vogue.

Quelques chiffres.

En 2010, le marché du bio a poursuivi son essor. Ainsi, les ventes de produits biologiques ont progressé de 10% en France l’année dernière, atteignant un chiffre d’affaires de 3,3 milliards d’euros. Selon les chiffres présentés par l’Agence Bio, les boissons, l’épicerie et les produits frais ont connu les plus fortes hausses avec respectivement +26%, +18% et +16% en valeur. Néanmoins, la crise touche également ce marché car le nombre de consommateurs de produits bio a baissé, atteignant 43% de la population, contre 46% en 2009. Il s’agit de la première baisse constatée depuis 2007. Le marché reste néanmoins très dynamique et touche de plus en plus de produits et de secteurs. Peu de marques ne possèdent pas au moins une gamme bio. Cependant, certains pays engagés historiquement dans la filière ont vu leurs ventes reculer, comme la Grande-Bretagne (-13% en 2009 et -5,9% en 2010) ou l’Allemagne. Le bio ne représente encore que 2% des dépenses alimentaires. Les grandes surfaces écoulent 47% des produits issus de l’agriculture biologique, et ont réussi à chiper 7% de parts de marchés aux magasins spécialisés.

La première motivation d’achat des consommateurs : la santé.

Si les consommateurs sont friands des produits bio, c’est principalement en raison de leur impact positif sur la santé. 91% des consommateurs ont en effet déclaré à l’Agence Bio que la santé faisait partie de leurs motivations d’achat. Mais qu’apportent vraiment les produits issus de l’agriculture biologique de plus que les produits traditionnels ? Pour François Veillerette, président du Mouvement pour les Droits et le Respect des Générations Futures (MDRGF), « des différences significatives favorables aux aliments bio pour six catégories de nutriments importants » existent. Deux études néerlandaises publiées en 2010 révélaient que des poulets nourris avec des aliments bio présentaient de meilleurs paramètres physiques et métaboliques que les autres, ainsi qu’une plus grande résistance au stress. Une autre étude menée en 2010 a soumis les fraises de 26 exploitations californiennes aux papilles d’un panel de consommateurs. Les variétés bio ont été jugées plus sucrées, plus goûteuses et plus appétissantes que les autres.

Pourtant, une méta-analyse britannique datant de 2009 montrait qu’il n’existait aucune différence de qualité nutritionnelle entre produits bio et conventionnels, confirmant des résultats publiés auparavant par l’Afssa en 2003. Il semblerait donc que dans le domaine de la santé les bienfaits des produits bio soient de l’ordre de la croyance, et que chacun ait son opinion. Pro et anti-bio restent aujourd’hui encore en conflit ouvert sur le sujet.

Un frein à la consommation non négligeable : le prix.

Les rapports de la CLVC et de l’association Familles Rurales ont mis en lumière l’écart de prix entre fruits et légumes issus de l’agriculture biologique et conventionnels. Cet écart va même en se creusant. Les fruits et légumes bio sont aujourd’hui 88% plus chers que leurs homologues traditionnels. Or, le prix est également le principal frein à la consommation, avec 79% des non-consommateurs déclarant ne pas acheter de produits bio à cause de leur prix élevé (Agence Bio) et 93% des personnes interrogées par l’Ifop considérant que le prix des produits bio était trop élevé. La Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB) a aussitôt couru au secours de ses producteurs en justifiant ce surcoût par une meilleure rémunération des agriculteurs. Il n’empêche que dans le contexte actuel de crise le prix des produits bio restreigne bel et bien leur croissance. Pourtant, la filière bio avait misé sur la stabilité des prix pour assurer sa croissance. Toutes gammes confondues, l’équilibre a bien été respecté, l’augmentation n’étant que de 0,02% en 2010. Ce sont donc les produits traditionnels qui ont vu leur prix reculer. Dans le détail, les viandes (+3% pour le bœuf), les volailles (+5%), les produits de la mer (+3%) et les vins (+3%) ont augmenté, quand le porc (-3%), les produits laitiers (-4%) et les boissons hors vins et boissons végétales (-7%) ont baissé.

Quand le bio est à l’origine de crises sanitaires…

Lorsque l’on parle de crises sanitaires, difficile de ne pas penser à la récente épidémie à Escherichia coli. Les concombres bio ont été les premiers suspects dans cette affaire, suivis des graines germées également produites en agriculture biologique et qui ont finalement été reconnues coupables. Pourtant, difficile de désigner la part de culpabilité du bio dans cette affaire. En effet, l’origine exacte de la contamination est inconnue. Ceci a néanmoins suffi à instiller le doute dans l’esprit des consommateurs : alors que 70% des français faisaient confiance aux produits bio en 2008, ils ne sont plus que 50% en 2011 selon un sondage Ifop réalisé sur un échantillon de 1009 personnes. De même, les rappels concernant des produits bio se multiplient : raviolis, haricots verts… et même une grenouille verte vivante trouvée dans un paquet de salade bio ! De quoi inquiéter les consommateurs… Pourtant, selon le magazine Sciences et avenir de septembre 2011, « les techniques naturelles ne sont pas plus risquées que celles de l’agriculture intensive ». A nouveau, il semblerait que ce soit à chacun de se faire son opinion…

Labels et communication autour des produits bio.

Les crises sanitaires ébranlent les certitudes des français. Ces derniers n’ont en plus que peu confiance en les labels. En effet, un sondage mené par l’Ifop et commandité par le WWF et la marque de produits biologiques Vrai révèle que bien que la consommation de produits AB se développe, les consommateurs tendent à considérer le bio comme un effet de mode et doutent des labels. D’après ce sondage, pas moins d’un français sur deux ne fait pas confiance au logo AB (50%, soit +20% par rapport à 2008 !), 13% n’y croient d’ailleurs pas du tout. 81% voudraient plus d’informations et de transparence sur les avantages et les inconvénients du bio. Pour 44% des personnes interrogées, manger bio est avant tout un phénomène de mode. Et certaines entreprises usent et abusent du label bio, à l’instar d’un brasseur allemand qui avait commercialisé de l’eau minérale baptisée « Bio-Kristall ». Cette dernière était supposée être bio en raison de sa grande pureté… Bref, une belle arnaque marketing, qui ne redore pas le blason du bio !

 

Finalement, malgré les doutes qui s’installent dans l’esprit des consommateurs, la filière bio reste incontournable dans le paysage agroalimentaire français. Les chiffres de 2010 illustrent l’essor actuel de ces produits, que les français sont prêts à acheter malgré leur prix élevé. De fait, la filière est en train de se structurer pour répondre au mieux à la demande. Le nombre de transformateurs de produits bio est, en 2010, de 7 427 transformateurs, en augmentation de 17%. Cette croissance est la plus importante pour les industries agroalimentaires de la Bretagne. La filière bio semble donc avoir de beaux jours devant elle. Néanmoins, les récentes baisses de vente dans nos pays frontaliers laissent à penser que le phénomène de mode peut prendre le pas sur l’implication profonde. Le bio devra donc choisir les bons arguments pour préserver ses consommateurs et leur faire oublier ses prix élevés. V.D.

ParLa rédaction

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