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Les forces et faiblesses de la filière volaille française

«La France est le seul pays au monde qui a maintenu l’élevage d’une large diversité d’espèces de volailles selon plusieurs modes de production, ce qui fait d’elle une exception en Europe et même dans le monde» explique Anvol, l’interprofession Volaille de Chair, qui dresse un état des lieux de la filière. La France compte un total de 14 0000 …

Les forces et faiblesses de la filière volaille française
La viande de volaille est plébiscitée par les consommateurs du monde entier.Et son développement n’est pas près de s’arrêter: d’après l’OCDE, sa consommation devrait continuer de croître de 1,5% par an jusqu’en 2027.

«La France est le seul pays au monde qui a maintenu l’élevage d’une large diversité d’espèces de volailles selon plusieurs modes de production, ce qui fait d’elle une exception en Europe et même dans le monde» explique Anvol, l’interprofession Volaille de Chair, qui dresse un état des lieux de la filière.

La France compte un total de 14 0000 élevages de volailles. Ancrée au cœur des territoires, la filière emploie environ 100 000 professionnels, dont environ 34 000 dans les élevages eux-mêmes. En complément des élevages standards, les volailles sont élevées sous diverses démarches de qualité : Label Rouge, Bio ou CCP (Certification de Conformité Produit). La part des volailles respectant un cahier des charges Label Rouge, Certification de Conformité Produit ou Bio représente un quart de la production française. 

La France, 1ère filière plein air d’Europe

Le poulet est la première production sous cahier des charges, suivi de la dinde. En 10 ans, les poulets produits en bio ont doublé, le Label Rouge a progressé de 14% et le poulet produit sous Certification de conformité de produits (CCP) a enregistré une hausse de 18%. En 2019, 26% des poulets français sont élevés sous démarche de qualité. Il s’agit en majorité de poulet Label Rouge (16%) et de poulet sous Certification de Conformité de Produits (8%). Le poulet bio représente 2% de la production française. Le poulet standard représente quant à lui 66% de la production française, tandis que 8% de la production est spécifiquement dédiée au poulet grand export, destinée au marché spécifique du Moyen-Orient. Enfin, la France est championne d’Europe des élevages de poulets en plein air (Label Rouge et Bio). Elle compte 20% de volailles élevées en plein air, contre seulement 5% tout au plus dans les autres pays européens.

La production globale des volailles françaises en baisse 

Si la filière s’attend à une progression de la consommation à domicile de l’ordre de +5,9% pour l’ensemble de l’année 2020, cependant, la chute des commandes de la restauration lui a porté un coup dur. L’Interprofession s’attend ainsi à une baisse de consommation globale de l’ordre de -1,1% sur l’ensemble de l’année 2020 estime l’Anvol. De son côté, la consommation globale de poulets qui représente plus de 7 volailles consommées sur 10 en France, devrait se maintenir à +0,1%. En magasins, sur les 7 premiers mois 2020, leurs ventes ont progressé de + 14,7% pour la consommation à domicile. La production de volailles quant à elle, a diminué en France de -1,6% par rapport à la même période l’an passé. Si la production de poulets est restée stable à -0,5% et que les abattages de dindes n’ont progressé de +1,6%, canards et pintades sont plus durement touchés. 

Les plus petites filières fragilisées

La production de canards est ainsi en recul de -11% et celle des pintades de -10%. «Ces deux filières sont aujourd’hui en grandes difficultés, avec d’importants stocks. Dans ces filières, comme dans celles des cailles et des pigeons, les éleveurs ont perdu de 25 % à 30 % de leur chiffre d’affaires et certains vivent sous la menace de devoir abandonner leur activité. Dans ce contexte, les accouveurs sont également menacés et certaines filières comme celles des pintades, sont menacées de disparaitre si rien n’est fait pour préserver les reproducteurs» constate l’Anvol. 

En 2019, près de 45% des poulets consommés en France venaient de pays étrangers.

Objectif : diminuer les importations

Sur les 7 premiers mois de l’année 2020, la France a importé 33% des volailles consommées sur son territoire, une part en recul de 2 points par rapport à la même période en 2019. Même si elles sont en recul, ces importations concernent toujours majoritairement les poulets : 40% en 2020 vs 44% en 2019. Les importations de dindes (15% vs 16%) et de canards (7% vs 8%) sont quant à elles restées stables sur les 7 premiers mois. Malgré un repli conjoncturel, les importations restent importantes et la forte baisse du prix du poulet polonais va compliquer la situation. En 2019, près de 45% des poulets consommés en France venaient de pays étrangers. C’est pourquoi la filière a lancé, en début d’année, «Pacte Ambition ANVOL 2025», qui vise à offrir des volailles françaises répondant aux différentes attentes des consommateurs. «L’Interprofession demande un étiquetage généralisé de l’origine des volailles pour tous les circuits et, dans le cadre du plan de relance, un soutien financier pour accélérer le rythme de rénovation des poulaillers, des couvoirs et des abattoirs afin de répondre aux nouvelles attentes sociétales. Elle ne peut en effet pas faire face seule au besoin annuel d’investissement, qui s’élève désormais à 600 millions d’euros par an», explique le Pacte. 

Avant la Covid-19, déjà près de 9 Français sur 10 (89%) disaient préférer consommer de la volaille française plutôt qu’étrangère, dans une enquête de 2019 (APVF /OpnionWay). Cette attente s’est renforcée avec la crise. Or, en 2019, près de 45% des poulets consommés en France provenaient de l’étranger, souvent des importations à bas coût ! D’ailleurs, les importations de poulets ont fortement augmenté ces 20 dernières années : elles n’étaient encore que de 25% en 2000. L’objectif de la filière est donc de rependre des parts de marché sur l’importation. 

En 2010, 25% de la production de poulet français était exporté vers les pays du Proche et du Moyen-Orient. Cette offre spécifique ne concerne désormais que 8% de la production française de poulet, en raison notamment de la concurrence de pays comme le Brésil. Dans ce contexte, la filière Volaille Française s’est fixé pour objectif de diminuer ses importations. Il s’agit de proposer une offre adaptée à la demande française avec des volailles issues d’une production exemplaire en matière de qualité sanitaire, de bien-être animal et de maillage du territoire. Le coût de production d’un poulet français est près de deux fois supérieur aux coûts de production d’un poulet brésilien ou ukrainien. 

Anvol souhaite donc mettre en avant le modèle de production français auprès des consommateurs-citoyens et lever les blocages qui se multiplient pour l’installation de nouveaux poulaillers dans la campagne française.

Proposer des volailles pour tous les budgets

La part du budget des Français consacrée à l’alimentation a beaucoup diminué. En 1945, elle était de 45%. Elle est passée à 20-25% dans les années 2000. Aujourd’hui, les Français consacrent en moyenne 12 à 15% de leur budget à l’alimentation. Désormais, le budget alimentaire français est d’environ 6 à 7€ par jour et par personne pour une famille de 4 personnes. 

«Il est donc primordial que les Français puissent avoir librement accès à une volaille de qualité française à un prix accessible : les élevages standards ont une vraie place à tenir en France, aux côtés des démarches Label Rouge, Bio ou Certification de Conformité Produit ou ECC». C’est pourquoi la filière volaille française lutte aujourd’hui à armes inégales avec les importations, souvent moins chères, car soumises à des règles et contrôles beaucoup moins stricts tant en matière de bien-être animal que d’exigences sanitaires et sociales. Les filets de poulet standard français sont deux fois plus chers que les filets de poulet d’origine ukrainienne. 

6 objectifs précis fixés à horizon 2025

Pour répondre aux nouvelles attentes sociétales, Anvol a décidé d’initier un grand plan d’action à horizon 2025. Ce pacte vise, en premier lieu, à reconquérir des parts de marché sur les volumes de volailles importés. 

La filière Volailles Française s’engage ainsi à répondre à l’ensemble des demandes du marché français, que ce soit pour la consommation à domicile ou pour la restauration hors foyer (commerciale, scolaire, d’entreprise, fast food …). Il s’agit donc pour les professionnels d’être en mesure de proposer des volailles entières ou en morceaux, issues d’élevages standards ainsi que sous cahier des charges : Label Rouge, bio, ECC (European Chicken Commitment), CCP (Certification Conformité Produit). Les attentes sont en effet différentes selon les circuits de distribution et la filière se doit d’y répondre pour contrer les importations massives de poulets à faibles coûts. La filière française s’engage ainsi à élever plus de 50% de ses volailles avec un accès à la lumière naturelle d’ici à 2025. 

D’ici 2025, 100% des élevages de volailles standards en filière organisée seront audités annuellement sur leurs bonnes pratiques. Aujourd’hui, 80% sont contrôlées.

En complément, pour répondre aux demandes spécifiques de la Restauration Hors Domicile et de l’Industrie Agroalimentaire, la filière doit continuer à proposer des volailles d’entrée de gamme en production standard. En effet, la France doit aussi produire des volailles à un tarif accessible au plus grand nombre pour contrer les importations. Un certain nombre de distributeurs et restaurateurs s’est engagé à commercialiser des produits qui respectent le cahier des charges au stade élevage et abattoir. La démarche ECC viendra compléter la segmentation déjà proposée par la Filière, volailles standards, CCP, Label Rouge et BIO. Enfin, la mise en place d’une filière ECC doit être anticipée de 18 mois pour permettre la réalisation des investissements nécessaires et assurer la production de reproducteurs correspondant au cahier des charges. 

En complément de tous les contrôles, la filière a récemment adopté deux nouvelles applications. La première application, nommée EVA, permet d’effectuer un audit complet de l’élevage en matière de bien-être animal, de préservation de l’environnement, de biosécurité, de droit du travail… et de déterminer les points d’amélioration à apporter si nécessaire. D’ici 2025, 100% des élevages de volailles standards en filière organisée seront audités annuellement sur leurs bonnes pratiques. Aujourd’hui, 80% sont contrôlées. A horizon 2025, 100% des élevages seront contrôlés par un organisme tiers. La deuxième application, nommée EBENE, se concentre sur le bien-être animal. Les critères d’évaluation d’EBENE sont ainsi basés sur les 5 libertés de l’animal reprises par l’Organisation Mondiale de la Santé Animale: liberté physiologique, liberté sanitaire, liberté environnementale, liberté psychologique et liberté comportementale. 

Par ailleurs, la volaille est reconnue pour être la viande ayant le plus faible impact carbone. Elle s’inscrit dans un cercle vertueux. En France, de nombreux poulaillers sont aujourd’hui basse consommation et les élevages participent à la production d’énergie renouvelable. En France, 98% des aliments composés pour les volailles sont produits par des entreprises françaises de nutrition animale certifiées OQUALIM. Le secteur participe également à la plateforme DURALIM, qui travaille à une alimentation des animaux d’élevage 100% durable, avec un objectif zéro déforestation au plus tard en 2025. Aujourd’hui, les matières premières utilisées par les entreprises de nutrition animale sont très majoritairement issues de l’agriculture française, à près de 80%. Grâce à l’amélioration du bien-être et à un suivi quotidien des animaux, la France a baissé de 55% l’utilisation des antibiotiques dans les élevages français en 8 ans, entre 2011 et 2019. D’ici 5 ans, en 2025, ils se sont fixé pour objectif de diminuer encore leur utilisation de 5%. Ainsi, entre 2011 et 2025, ils auront réduit de 60% leur utilisation des antibiotiques. 

Trois défis majeurs à relever en 2021

La flambée du cours des matières premières, la lutte contre l’influenza aviaire et le manque de visibilité sur leurs activités liées à la restauration seront enfin les trois défis majeurs de la filière volaille française pour 2021, plus que jamais inquiète pour son avenir. 

(Source : Anvol)

En bref

La volaille : n°1 des viandes vendues dans le monde : (Source : OCDE / FAO) La viande de volaille est plébiscitée par les consommateurs du monde entier. En 2017, elle est passée devant la viande de porc au titre de la viande la plus consommée au monde ! Et son développement n’est pas près de s’arrêter: d’après l’OCDE, sa consommation devrait continuer de croître de 1,5% par an jusqu’en 2027. 

La France : 3e pays consommateur de volailles en Europe : (Source : Itavi d’après Eurostat, SSP, Dofra, Mapama, Destatis, Istat) Selon les premières estimations, avec la crise de la Covid-19 et les difficultés liées à la restauration, la consommation totale de volaille passerait en 2020 à plus de 1,84 million de tonnes en France, contre environ 1,90 million en 2019 (+1,9 % vs 2018). La France conserve ainsi sa place de 3e pays consommateur de volaille de européenne, derrière le Royaume-Uni (2,23 millions de tonnes) et l’Allemagne (1,86 million de tonnes). 

Plus de 7 volailles sur 10 mises sur le marché sont des poulets : (Source : Itavi d’après SSP – 2020) En 2020, les poulets confirment leur place de volaille la plus consommée en France. Plus de 7 volailles commercialisées sur 10 (73 %) sont des poulets. Les dindes arrivent en seconde position ; elles correspondent à 16% des volailles vendues. Le canard occupe la 3e marche du podium avec environ 10% des volailles vendues en France, devant la pintade (1 %). 

+11 % de volailles vendues en magasins début 2020  : (ITAVI d’après Kantar Worldpanel) Sur les 7 premiers mois de l’année 2020, les ventes de volailles et de produits élaborés à base de volailles ont progressé de +11 % en volume en magasins. Le poulet a enregistré la plus forte hausse : +14,7 % en volume. 

Les découpes de poulets : n°1 de la hausse des ventes des volailles en GMS : (ITAVI d’après Kantar Worldpanel) Les chiffres des achats des ménages confirment le succès des poulets auprès des consommateurs. Les achats des ménages se sont majoritairement portés sur les découpes de poulets, qui ont progressé de + 19,3% sur les 7 premiers mois de l’année par rapport à la même période en 2019. Les achats de charcuteries de volailles ont également fortement augmenté (+12,3%), comme les élaborés de volailles (+11,3 %). Les poulets entiers ont enregistré quant à eux une hausse de 3,7%. 

ParLa rédaction
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