Aller directement au contenu

Produits aquatiques : Un attrait confirmé, mais un positionnement de plus en plus complexe pour le marché français

Malgré une excellente image auprès des consommateurs français, la consommation de poissons, coquillages et crustacés révèle un arbitrage économique plus marqué qu’auparavant. L’enquête « Consommation : Le positionnement complexe des produits aquatiques en 2025 » met en lumière des enjeux cruciaux pour l’ensemble de la filière agroalimentaire. Réalisée du 24 au 28 avril 2025 sur un échantillon représentatif de …

Produits aquatiques : Un attrait confirmé, mais un positionnement de plus en plus complexe pour le marché français
Les produits aquatiques disposent d’une excellente image aux yeux des Français, qui leur attribuent nombre de vertus comme l’apport en vitamines et minéraux (96%), ainsi que des bénéfices pour la mémoire et le cerveau (95%), le système cardio-vasculaire (94%), pour la ligne (93%) ou encore pour les muscles (90%) et les os (87%). Un ensemble de vertus attribuées à ces produits qui se trouvent même en progression sur les dernières années (+8 points depuis 2019 pour leurs bénéfices sur les muscles et les os).

Malgré une excellente image auprès des consommateurs français, la consommation de poissons, coquillages et crustacés révèle un arbitrage économique plus marqué qu’auparavant. L’enquête « Consommation : Le positionnement complexe des produits aquatiques en 2025 » met en lumière des enjeux cruciaux pour l’ensemble de la filière agroalimentaire.

Réalisée du 24 au 28 avril 2025 sur un échantillon représentatif de 1 179 personnes majeures (méthode des quotas), cette enquête propose une photographie précise des habitudes, perceptions, critères d’achat et connaissances du grand public autour des produits aquatiques. Derrière l’appréciation globale et la reconnaissance des bénéfices santé, l’étude révèle une évolution des arbitrages, une fracture générationnelle et un défi renouvelé pour les industriels du secteur, entre pédagogie, accessibilité et montée en gamme.

Une image toujours positive, confortée par la dimension santé

Poissons, crustacés, coquillages : les produits aquatiques jouissent d’une image très favorable auprès des Français. Près de 9 sur 10 les considèrent comme indispensables à une alimentation équilibrée, et leurs vertus nutritionnelles sont largement reconnues : 96 % des répondants citent leur richesse en vitamines et minéraux, 95 % leurs effets bénéfiques sur le cerveau, 94 % sur le système cardio-vasculaire, 93 % sur la ligne. La progression de la reconnaissance des bénéfices pour les muscles et les os (+8 points depuis 2019) atteste d’un ancrage durable dans les représentations santé des consommateurs.

Cette valorisation du produit s’inscrit pleinement dans une demande croissante de naturalité et de nutrition fonctionnelle, déjà bien intégrée dans les tendances alimentaires post-pandémie. Le poisson est perçu comme un aliment familial, rassurant, et source de plaisir gustatif. Près de 8 Français sur 10 déclarent aimer le cuisiner, même si seulement 23 % les jugent très faciles à cuisiner. Ce décalage traduit un obstacle perçu dans l’usage, particulièrement pour certaines cibles jeunes ou néo-consommatrices.

Une fréquence de consommation soutenue, mais inégalement répartie

70 % des Français déclarent consommer des produits aquatiques au moins une fois par semaine, dont une majorité de 53 % entre 1 et 2 fois. Les recommandations nutritionnelles de l’ANSES — deux portions hebdomadaires, dont une de poisson gras — sont connues de 57 % des Français, un chiffre stable depuis quatre ans.

Cependant, cette moyenne masque des différences nettes entre tranches d’âge. Si deux tiers des 65 ans et plus déclarent consommer des produits aquatiques 1 à 2 fois par semaine, seuls 43 % des 18-24 ans en font autant. Les jeunes générations consomment moins souvent, de manière moins diversifiée, et sont moins familières des recommandations officielles. L’enjeu pour les professionnels n’est pas tant de convaincre les convaincus, mais d’élargir les usages aux jeunes adultes, via une offre plus accessible, pédagogique et adaptée à leurs contraintes de temps et de budget.

Un portefeuille de produits restreint : Crevettes, saumon, thon, cabillaud en tête

Parmi les produits les plus consommés figurent en tête les crevettes, le saumon, le thon et le cabillaud. Les moules sont le coquillage le plus consommé (2 Français sur 3), devant les coquilles Saint-Jacques. Le poisson reste globalement la vedette du rayon aquatique : deux tiers des Français en consomment au moins une fois par semaine, contre un quart pour les crustacés et moins d’un cinquième pour les coquillages. Ces derniers restent marginaux voire exclus pour une large part de la population (60 % ne consomment jamais ou très rarement de coquillages).

Les plus âgés affichent une consommation plus diversifiée : sardines, maquereaux, huîtres, moules ou truite sont davantage présents dans leurs paniers. À l’inverse, les moins de 35 ans concentrent leur consommation sur un petit nombre de références, souvent industrialisées. Cette concentration du portefeuille met en tension les stratégies d’offre : faut-il élargir la gamme proposée en grande distribution, au risque de brouiller les repères, ou se concentrer sur les produits à plus forte rotation pour sécuriser les marges ?

Fraîcheur en tête, mais la pression du prix s’intensifie

Le critère de fraîcheur reste le plus décisif (74 % des répondants le mentionnent, dont 39 % en premier), devant le prix (65 %, dont 18 % en premier). Mais l’écart entre ces deux critères se réduit considérablement : en 2019, 21 points les séparaient ; en 2025, seulement 9. Cette convergence illustre une tension accrue sur le pouvoir d’achat, et l’entrée dans une logique d’arbitrage plus serré entre qualité perçue et prix acceptable.

Là encore, des différences générationnelles apparaissent : les plus jeunes placent davantage le prix en tête, mais sont aussi plus attentifs aux qualités nutritionnelles et à l’aspect visuel des produits. Les seniors, eux, restent fidèles à la fraîcheur comme critère majeur. Chez les foyers aux faibles revenus, 73 % placent le prix en premier critère, contre seulement 50 % dans les catégories aisées.

Les industriels et distributeurs doivent dès lors jongler entre des impératifs parfois contradictoires : sécuriser la qualité organoleptique et sanitaire, tout en maîtrisant les coûts pour maintenir une accessibilité minimale. Cette équation est d’autant plus difficile que les produits frais (forme préférée pour 81 % des crustacés et 80 % des coquillages) demandent une logistique exigeante.

Une montée en puissance des produits élaborés, mais toujours sous surveillance

L’étude souligne une légère reprise de l’achat de poisson frais (+2 points), après une baisse observée précédemment. Le poisson surgelé reste stable, tandis que les conserves et plats traiteurs progressent, notamment pour répondre aux besoins de praticité. La montée des produits cuisinés est également visible sur les crustacés, avec plus de 20 % des Français les achetant sous cette forme.

Pour les professionnels, ces signaux invitent à intensifier les efforts sur les produits intermédiaires : portions prêtes à cuire, recettes simples, assaisonnements intégrés, valorisation de l’usage via des QR codes recettes ou tutoriels de préparation. Le frein à la consommation ne réside plus dans le produit lui-même, mais dans la capacité à le rendre compatible avec les usages quotidiens contemporains.

Des lacunes persistantes sur les connaissances nutritionnelles

83 % des Français affirment connaître la distinction entre poissons gras et maigres. Mais dans les faits, seuls 34 % sont capables de classer correctement les espèces testées, et seulement 11 % parviennent à catégoriser sans erreur un échantillon de 15 poissons. Le thon, la truite ou le maquereau sont fréquemment classés à tort dans la catégorie des poissons maigres.

Cette méconnaissance constitue une opportunité pédagogique pour les acteurs de la filière. Les campagnes d’information — en rayon, sur les emballages, via les influenceurs ou les émissions culinaires — peuvent jouer un rôle structurant. D’autant plus que la source d’information principale reste le poissonnier (54 %), suivi des proches (45 %, et jusqu’à 62 % chez les jeunes), devant Internet ou les professionnels de santé.

Labels et signes d’origine : Un levier de confiance, mais mal maîtrisé

Près de 90 % des répondants déclarent accorder de l’importance aux labels et signes d’origine ou de qualité pour les produits aquatiques. Un tiers les considèrent même très importants. Ces signes sont perçus comme des garants de confiance (90 %) et des moteurs d’achat (86 %). Toutefois, seuls 53 % estiment qu’il est facile de se repérer parmi les différents labels disponibles.

En moyenne, les Français déclarent connaître un peu plus de 4 labels (sur 12 testés). Le Label Rouge (88 %), l’Agriculture Biologique (86 %) et les Moules AOP (78 %) arrivent en tête. Les labels plus récents ou spécifiques sont encore en retrait : 73 % connaissent l’Écolabel Pêche durable, mais seulement 37 % savent précisément ce qu’il recouvre. Le label MSC n’est identifié que par 46 %, l’ASC par 34 %.

Ces résultats soulignent l’importance pour les producteurs, coopératives et enseignes de clarifier leurs engagements qualité. Une meilleure pédagogie autour des labels, via des infographies, vidéos ou storytelling en rayon, pourrait transformer ces marques de qualité en véritables leviers de différenciation et de premiumisation.

Pêche vs élevage : Des perceptions encore marquées

Les produits issus de la pêche sont majoritairement perçus comme supérieurs sur le plan gustatif (55 %), nutritionnel (44 %) et en matière de bénéfices santé (45 %), tandis que les produits d’élevage sont davantage associés à un prix plus raisonnable (44 %).

Les jeunes générations se montrent toutefois plus réceptives aux qualités des produits d’élevage, hormis sur la question du prix. Ce rééquilibrage des représentations est un signal important : il ouvre la voie à une meilleure acceptation de l’aquaculture responsable, notamment pour répondre aux enjeux de durabilité et de disponibilité des ressources.

Les professionnels de l’agroalimentaire ont ici un rôle structurant à jouer : rassurer sur la traçabilité, garantir des standards d’élevage élevés, et mieux valoriser les atouts environnementaux ou nutritionnels de l’aquaculture lorsqu’ils sont avérés.

Une feuille de route pour la filière agroalimentaire

Cette enquête, riche d’enseignements, dessine les contours d’un défi stratégique pour les professionnels des produits aquatiques et a pour ambition de mieux accompagner les jeunes générations, moins consommatrices, moins informées, mais potentiellement sensibles à des offres pratiques, économiques et rassurantes ; de travailler l’accessibilité prix sans sacrifier la qualité, en valorisant les espèces moins nobles, les circuits courts ou les produits transformés à haute valeur nutritionnelle ; de renforcer la pédagogie sur les vertus nutritionnelles, la différenciation des espèces, les méthodes de production et les labels ; d’adapter les produits et leur communication à des logiques d’usage, avec un accent sur la praticité, la rapidité de préparation et la capacité à s’intégrer dans des repas du quotidien et de capitaliser sur les attentes de confiance pour mieux positionner les produits issus de démarches qualité ou d’une pêche/aquaculture durable.

Dans un contexte inflationniste et de sensibilité accrue aux enjeux environnementaux, les produits aquatiques ont toutes les cartes en main pour renforcer leur place dans le panier alimentaire des Français. Encore faut-il parler au bon moment, avec le bon produit, au bon public.

(Source : « Consommation : Le positionnement complexe des produits aquatiques en 2025 » — Enquête en ligne menée du 24 au 28 avril 2025 auprès de 1 179 personnes représentatives de la population française adulte, méthode des quotas/ Toluna/Harris Interactdive pour France Filière Pêche/ Poissons d’aquaculture Cipa/Comité National de la Conchyliculture)

ParLa rédaction

L'actualité en video

Send this to a friend