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À Thouars, un tournant décisif pour la filière bio française des huiles végétales

À Thouars (79), la bio franchit un cap. Les partenaires d’Oléosyn Bio (les coopératives CAVAC et Terrena, le groupe Avril et sa filiale bio Aurouze) viennent d’inaugurer deux équipements industriels majeurs pour la filière oléagineuse biologique française : le doublement d’une ligne de trituration de graines de tournesol et de colza, et la mise en service du premier atelier …

À Thouars, un tournant décisif pour la filière bio française des huiles végétales
Un nouveau site de trituration et le tout premier atelier de raffinage 100 % bio de France viennent d’être inaugurés dans les Deux-Sèvres. Une avancée stratégique pour l’autonomie agricole française et un signal fort envoyé aux professionnels de l’agroalimentaire.

À Thouars (79), la bio franchit un cap. Les partenaires d’Oléosyn Bio (les coopératives CAVAC et Terrena, le groupe Avril et sa filiale bio Aurouze) viennent d’inaugurer deux équipements industriels majeurs pour la filière oléagineuse biologique française : le doublement d’une ligne de trituration de graines de tournesol et de colza, et la mise en service du premier atelier de raffinage d’huile 100 % bio jamais construit en France.

Avec cette extension d’envergure, la filière se dote pour la première fois d’un outil industriel capable de traiter entièrement des graines oléagineuses biologiques sur le territoire national, de la graine au produit fini. L’impact est considérable pour l’ensemble du secteur agroalimentaire, en quête d’ingrédients bio tracés, locaux et compétitifs.

Le site atteint 55 000 tonnes de capacité annuelle

Grâce à un investissement de 6,25 millions d’euros, financé par les actionnaires et soutenu par FranceAgriMer dans le cadre du plan “protéines”, Oléosyn Bio porte désormais sa capacité de trituration de graines de tournesol bio de 15 000 à 30 000 tonnes par an. En intégrant toutes graines confondues, le site atteint 55 000 tonnes de capacité annuelle.

Côté transformation, la ligne reprend un procédé éprouvé de double pression-cuisson, désormais enrichi d’un décortiqueur, permettant une meilleure extraction d’huile et une hausse du taux de protéines dans les tourteaux. Ce dernier point est stratégique : il renforce l’intérêt nutritionnel des coproduits pour l’alimentation animale bio, dans un contexte de forte demande pour des sources protéiques alternatives et locales.

Mais la véritable nouveauté réside dans l’autre pan du projet : le tout premier atelier de raffinage d’huiles exclusivement bio en France, mis en place par la société Aurouze avec 5,6 millions d’euros d’investissements, soutenus par le Fonds Avenir Bio, la Région Nouvelle-Aquitaine et des fonds européens.

Un procédé de raffinage physique, sans solvant chimique ni additif controversé

Ce nouvel atelier, conforme aux exigences du label bio, repose sur un procédé de raffinage physique, sans solvant chimique ni additif controversé. Il permet de produire deux types d’huiles : des huiles dites “de table”, destinées à la consommation domestique, et des huiles désodorisées, utilisables comme ingrédients dans les industries agroalimentaire et cosmétique.

À partir de fin juin 2025, Aurouze débutera la commercialisation de ses premières huiles raffinées bio. Cette offre inédite ouvre de nouvelles perspectives pour les industriels souhaitant formuler des produits 100 % bio avec des matières premières françaises tracées, notamment dans des segments premium où la provenance, le mode de transformation et la durabilité sont des leviers de différenciation puissants. L’annonce intervient dans un contexte difficile pour la bio, fragilisée par les effets durables de l’inflation et par un recul de la consommation. “Nous affirmons notre volonté de construire une filière bio française complète, tout en répondant aux attentes des consommateurs et en soutenant les territoires”, souligne Philippe Manry, Directeur Général Sanders Néa (groupe Avril).

Au-delà de l’innovation technologique, c’est un modèle de filière intégré qui se consolide. Depuis 2022, la coopérative CAVAC est entrée au capital d’Oléosyn Bio avec une ambition claire : proposer des contrats durables et rémunérateurs à ses agriculteurs bio, dans une logique dite “Agriéthique”.

Cette approche collective, de la production agricole à la transformation industrielle, entend redonner du sens à la bio française : une agriculture respectueuse, mais aussi économiquement viable et compétitive, capable de répondre à la demande croissante en huiles végétales bio de qualité.

Ce que cela change pour les professionnels de l’agroalimentaire

Pour les industriels de l’agroalimentaire, cette inauguration marque un tournant stratégique. Elle signifie l’arrivée sur le marché d’un approvisionnement sécurisé en huiles bio d’origine France, avec une maîtrise complète de la chaîne de valeur, un facteur de plus en plus scruté par les distributeurs, les labels, et les consommateurs.

La diversification des procédés (huiles stabilisées, désodorisées, etc.) ouvre aussi la voie à de nouvelles formulations produits en bio, en s’affranchissant de certains verrous technologiques qui obligeaient jusqu’ici à importer ou à renoncer à certaines propriétés fonctionnelles. Enfin, pour les filières animales bio, l’augmentation de la production de tourteaux riches en protéines issus de la trituration est une avancée notable. Elle permet de limiter la dépendance aux importations de soja bio et renforce l’autonomie protéique des élevages.

Pour les professionnels de l’agroalimentaire, c’est un signal positif : la filière bio française ne renonce pas, elle innove, elle s’adapte, et elle investit avec, à la clé, de nouvelles opportunités d’approvisionnement, d’innovation et de différenciation produit.

ParLa rédaction
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