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ANIA : « Le tsunami inflationniste est absolument critique pour nos entreprises »

Lors d’un point presse de rentrée, Jean-Philippe André, Président de l’ANIA, a présenté les données du baromètre annuel de l’ANIA qui rendent compte du bilan économique du secteur pour l’année 2022 et des perspectives pour 2023. Xavier Ségalié, Directeur général NielsenIQ France a présenté les dernières tendances. Résilience, reconquête, attractivité… Ces mots étaient au cœur de la conférence de …

ANIA : « Le tsunami inflationniste est absolument critique pour nos entreprises »
Photo réalisée par l’ANIA avec les données 2022 NielsenlQ montrant la consommation alimentaire trimestrielle d’une famile avec deux enfants (avec les principales categories de produits)

Lors d’un point presse de rentrée, Jean-Philippe André, Président de l’ANIA, a présenté les données du baromètre annuel de l’ANIA qui rendent compte du bilan économique du secteur pour l’année 2022 et des perspectives pour 2023. Xavier Ségalié, Directeur général NielsenIQ France a présenté les dernières tendances.

Résilience, reconquête, attractivité… Ces mots étaient au cœur de la conférence de presse de rentrée de l’ANIA il y a presque tout juste un an. «Le constat est toujours le même. La France a l’une des toutes meilleures alimentations du monde produite par 16 436 entreprises dont 98% de PME qui ont su garder une présence industrielle dans tous les territoires, qui défendent le savoir-faire français en transformant plus de 70% des ressources agricoles françaises. Une «pépite», qui en 2021, souhaitait aller de l’avant avec l’espoir que cette année 2022 serait la bonne : l’année de la création de valeur. Mais le miracle n’a pas eu lieu» déclare Jean-Philippe André, président de l’ANIA.

Comment faire face aux coûts ?

2022 a bouleversé l’échiquier mondial : reprise économique post COVID, guerre en Ukraine, aléas climatiques, chute de l’euro vs dollar, crise énergétique… Les entreprises sont confrontées à :  +29% pour le coût des matières premières agricoles cette année(vs +2,2% sur 2019-2020) ; +26% pour le coût des emballages depuis janvier 2022 (vs +2,8%) ;  +57% pour le coût de l’énergie cette année (vs +2,2%). Les nouveaux tarifs 2023 des contrats d’énergie s’envolent. Toutes les entreprises sont sous pression. La part de l’énergie dans le CA passe de 3% en 2020-2021 à plus de 5% en 2022. Une part qui augmente pour les TPE-PME : près de 7% de leur CA.

«A cette angoisse s’ajoutent les risques de délestage et de rationnement de l’énergie. Le gouvernement doit agir vite pour préserver la filière alimentaire qui nourrit les Français. Il doit intervenir au niveau européen pour plafonner les prix de l’énergie et doit revoir les critères d’éligibilité des aides pour qu’ils soient opérants pour les entreprises en difficulté, notamment les PME. Mais, tout ne doit pas venir de l’Etat», ajoute Jean-Philippe André.

Une industrie qui continue de perdre de l’argent année après année !

La France est le pays où l’inflation alimentaire est la moins importante: En aout 2022, l’inflation alimentaire est de 8,4% en France contre 15,5% en Allemagne, 13,8% en Espagne, et 10,7 % en Italie. «Comment expliquer que la France soit le seul pays où l’industrie agroalimentaire est asphyxiée par une non-prise en compte des coûts de production ? Depuis 2008, le prix des MDD a augmenté de 15,19% vs 0,3%, pour les marques nationales : cherchez l’erreur ! » dénonce Jean-Philippe André.

Comment poursuivre les grands chantiers prioritaires du secteur ?

Pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre et au vieillissement de la population, les entreprises ont la volonté de favoriser l’emploi en CDI vs CDD : 38% des entreprises prévoient une augmentation du nombre de CDI en 2022 ; 65% des entreprises envisagent de recruter en 2023.

Il est également question d’accélérer la transition écologique et la montée en gamme des produits : Décarbonation des sites de production : -10% d’économies d’énergie en 10 ans. 40% des entreprises sondées envisagent dès 2022 des reports d’investissements sur les emballages, et 33% sur la décarbonation. «Cette tendance très inquiétante révèle que les entreprises anticipent une baisse de leur rentabilité qui les forcera à rogner sur des investissements majeurs pour l’avenir de l’industrie», explique l’ANIA.  Il s’agit aussi d’innover et faire de la France un leader mondial de l’alimentation favorable à la santé.

En 2021, l’agroalimentaire est 3ème excédent commercial français avec les boissons,  5ème exportateur mondial derrière les Pays-Bas, les Etats-Unis, l’Allemagne et la Chine (vs 2ème en 2005). Avec à l’export au 1er semestre 2022 : + 30% par rapport aux 6 premiers mois 2021. Un chiffre qui cache une grande disparité selon la taille des entreprises estime l’ANIA : seul 18% du CA des PME- ETI est réalisé à l’export contre plus de 40% pour les grosses ETI et les grandes entreprises.

« Le tsunami inflationniste est absolument critique pour nos entreprises. Comment passeront-elles l’hiver en termes de gestion de leurs coûts de production ? Je n’ai pas la réponse aujourd’hui et je suis inquiet. Inquiet pour notre souveraineté alimentaire, inquiet pour la filière et la rémunération des agriculteurs qui dépendent de notre activité, inquiet pour nos salariés qui demandent à juste titre des hausses de salaires, inquiet pour poursuivre nos grands chantiers prioritaires… Être inquiet ce n’est pas un métier. Notre métier c’est nourrir les Français trois fois par jour. Si se nourrir est une nécessité, produire ne doit plus être un combat. Il faut que cela cesse et vite sinon demain on actera collectivement des rayons vides et après-demain des fermetures d’entreprises», conclut Jean-Philippe André.

ParLa rédaction
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