Élevage : Connaître et optimiser l’apport des minéraux pour ses bovins, ovins et caprins
Très difficile à déceler et souvent tardivement, la carence minérale, tout comme les excès, peut avoir des conséquences désastreuses pour un élevage. C’est pourquoi l’apport quotidien de minéraux doit être adapté aux besoins de l’élevage et plus particulièrement de l’animal. Un apport équilibré et régulier garantira ainsi santé, prévention et performance. Les besoins des animaux en minéraux s’amplifient Dans …
Très difficile à déceler et souvent tardivement, la carence minérale, tout comme les excès, peut avoir des conséquences désastreuses pour un élevage. C’est pourquoi l’apport quotidien de minéraux doit être adapté aux besoins de l’élevage et plus particulièrement de l’animal. Un apport équilibré et régulier garantira ainsi santé, prévention et performance.
Les besoins des animaux en minéraux s’amplifient
Dans son ouvrage «L’alimentation minérale des bovins et des ovins», Christian Dudouet, enseignant en lycée agricole explique pourquoi la complémentation minérale est devenue essentielle au sein de élevage : «L’accroissement des performances et la modification des pratiques agricoles (rotations plus courtes, intensification fourragère, réduction des fumures, etc.) amplifient les besoins des animaux en minéraux et plus particulièrement en oligo-éléments», écrit-il. «La fréquence des carences se développe du fait des performances des animaux, d’une alimentation moins concentrée en oligoéléments, de la modification du type de fertilisation (abandon des scories riches en oligoéléments), de la sécheresse (l’absorption de terre dont la teneur en fer et manganèse limite l’absorption des autres oligoéléments) et l’apparition plus fréquente des fortes précipitations qui lessivent les sols».
Selon ce dernier, le diagnostic est trop souvent tardif. «C’est une analyse longue et approfondie de la baisse régulière des performances des animaux qui permet de suspecter une carence minérale».
Si dans la pratique, l’éleveur de bovins, d’ovins, etc., respecte d’une façon générale les apports en énergie (UFL, UFV, etc.), et en matières azotées (PDI, etc.), l’auteur souligne que malheureusement, les éléments minéraux font l’objet de moins d’attention. «La complémentation minérale mise en place est très souvent empirique, hétérogène, voire inadaptée aux besoins des animaux, ceci en raison de la méconnaissance des recommandations propres à telle ou telle catégorie d’animaux, en particulier pour les oligoéléments.
Une minéralisation adaptée aux besoins
Reproduction, immunité, production, santé des pattes, sécurité digestive, vêlage…, nécessitent donc des besoins en aliments minéraux adaptés.
«La vache laitière exporte au travers de son lait, en une lactation, la totalité de ses réserves en phosphore et calcium. Une minéralisation adaptée en minéraux et vitamines est indispensable pour soutenir la production», conseille PhysiO, fabricant de minéraux. «De même, une complémentation minérale et vitaminique des vaches allaitantes est également indispensable pour la bonne santé de la mère et de son veau. L’objectif : produire un veau par vache par an. Dès le plus jeune âge, la minéralisation est primordiale chez les génisses et les jeunes bovins. Les génisses deviendront les vaches laitières de demain et les jeunes bovins doivent être correctement minéralisés pendant leur croissance pour favoriser leur engraissement. Même les petits ruminants comme les ovins ou caprins doivent disposer d’une minéralisation adaptée et régulière pour couvrir l’ensemble de leur besoins» précise le fabricant de minéraux.
Connaître les minéraux, vitamines et oligo-éléments :
– Les minéraux majeurs pour l’animal
Les minéraux et plus particulièrement les macroéléments participent à la constitution des hormones, des vitamines et à la régulation de la physiologie de l’animal. Les ruminants hébergeant une population microbienne importante qui assure la digestion, le maintien de l’activité microbienne nécessite un apport continu de minéraux pour bovins, pour assurer un bon fonctionnement du rumen.
Le calcium (Ca), le phosphore (P), le magnésium (Mg), le potassium (K), le sodium (Na), le chlore (Cl) et le soufre (S) sont les minéraux majeurs nécessaires à l’animal. Les carences les plus visibles vont concerner le calcium, le phosphore et le magnésium. Le calcium est le principal constituant du squelette, il intervient dans la transmission du message nerveux et dans les fonctions musculaires et enzymatiques. On le retrouve dans les légumineuses (trèfles) et les crucifères (chou et colza fourrager). La luzerne est également connue pour sa richesse en calcium. Les apports complémentaires de calcium sous forme de carbonate ou de lithothamne par exemple permettent souvent de gérer les besoins.
Le phosphore, indispensable et constituant du squelette, intervient également dans les fermentations microbiennes de la flore du rumen. Les sources alimentaires de Phosphore sont principalement les céréales et le tourteau de colza. L’herbe et les ensilages en contiennent peu. La couverture en phosphore est très différente en fonction des apports par le fourrage.
Le Magnésium intervient aussi comme un constituant du squelette (rôle plastique). Il intervient dans le fonctionnement du rumen. Les réserves de magnésium sont très peu disponibles ; il faut donc continuellement en apporter.
Les sources alimentaires de magnésium ne sont pas abondantes. L’herbe jeune en est particulièrement dépourvue. Les teneurs en magnésium dans l’ensilage de maïs fluctuent de 0.9 à 1.9 g/ Kg. La valeur moyenne retenue est de 1.2 g. Les compléments minéraux permettent généralement un apport suffisant de magnésium. Pour les animaux plus productifs, un apport complémentaire d’oxyde de magnésie est intéressant.
Le sodium se retrouve dans la plupart des cas déficitaires (les animaux lèchent tout ce qu’ils trouvent, en particulier les vaches laitières ; on peut observer une baisse de l’appétit, des poils cassants, etc). À l’inverse, l’excès de sel provoque une intoxication de l’animal, des problèmes rénaux, des diarrhées et parfois la mort.
– Les oligo-éléments pour le fonctionnement immunitaire
Le cuivre (Cu), le zinc (Zn), le manganèse (Mn), l’iode (I), le cobalt (Co) et le sélénium (Se) sont les principaux oligo-éléments. Leur rôle est essentiel pour la bonne santé d’un élevage, notamment pour le système immunitaire et celui de certaines hormones de reproduction.
D’une concentration 10 à 20 fois inférieure à celle du fer (0,002%), le cuivre joue de nombreux rôles. Clef de voûte du système enzymatique, il intervient dans la synthèse des globules rouges, des poils et des pigments et dans l’élaboration du squelette. «43% des bovins sont carencés en cuivre. Une carence en cuivre, le plus souvent liée au déficit des sols qui se répercute sur la teneur minérale du végétal, se traduit par des troubles du pelage, entraînant une décoloration des poils ou de la laine, principalement localisée autour des yeux et du nez», explique Christian Dudouet.
– Les vitamines indispensables à la croissance et au bon fonctionnement de l’organisme
Substances organiques actives, une carence en vitamines peut avoir des conséquences sur l’animal. La vitamine A ou Rétinol est la plus importante, on la trouve dans les fourrages verts mais elle se dégrade une fois stockée (fourrages…). Elle maintient l’intégrité des épithéliums et des tissus (digestifs, peau, utérus, poumon, squelette…), le système immunitaire, le support des tissus de croissance et de développement (gestation) et aide à la vision.
La vitamine D régule le métabolisme du calcium et du phosphore sanguin et possède aussi un rôle dans l’immunité. Réduction des performances, hypocalcémie et troubles de la reproduction peuvent montrer une carence en vitamine D. Rachitisme chez les jeunes animaux, chez l’adulte, on observera des fractures, des veaux morts nés ou faibles ou encore l’ostéomalacie. Essentielle à l’intégrité et au fonctionnement des muscles, à la reproduction, à la circulation sanguine et lymphatique, aux systèmes nerveux et immunitaires, la Vitamine E a un rôle d’anti-oxydant. Troubles de la fertilité, accroissement des rétentions placentaires, augmentation de la fréquence et de la durée des infections mammaires peuvent laisser envisager une carence en vitamine E. Comme les vitamines A et D, la vitamine E est absente des fourrages stockés, les grains et les tourteaux.
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