Les entreprises agroalimentaires face à la stratégie des aliments santé.
Un article diffusé par Reuters présentait les risques et enjeux de la stratégie de certains grands industriels de l’agroalimentaire qui misent sur une alimentation focalisée sur la santé pour développer leurs produits et leur communication. Agro-media.fr vous en livre ici une synthèse.
Un article diffusé par Reuters présentait les risques et enjeux de la stratégie de certains grands industriels de l’agroalimentaire qui misent sur une alimentation focalisée sur la santé pour développer leurs produits et leur communication. Agro-media.fr vous en livre ici une synthèse.
Tout d’abord, c’est indubitable, la réglementation est plus en plus contraignante en ce qui concerne ce que l’on appelle les « allégations santé », sésames recherchés par beaucoup de grands industriels de l’agroalimentaire. De même, la méfiance grandissante des consommateurs peut également s’avérer être un frein au développement de cette stratégie.
D’un autre côté, on assiste actuellement eu Europe à une multiplication des initiatives visant à taxer la « malbouffe ». Que ce soit en France avec la taxe « soda » sur les boissons sucrées qui revient tous les jours sous une nouvelle forme ou le Danemark qui vient d’introduire un impôt sur les produits contenant des graisses saturées, la lutte contre les risques sanitaires générés par certaines dérives tant dans les habitudes alimentaires des consommateurs que dans les produits proposés par des industriels de l’agroalimentaire semble plus que jamais un filon pour les taxes des Etats en quête de rentrées fiscales.
C’est pourquoi des géants de l’agroalimentaire comme Danone, Nestlé ou Unilever devraient continuer à investir dans ces aliments dont la marge opérationnelle est bien supérieure à celle des denrées ordinaires. D’après eux. Et le marché des alicaments, comprenez des aliments santé, se porte plutôt bien, avec un chiffre d’affaires estimé à 150 milliards de dollars. Isabelle Senand, directrice d’études chez Xerfi, expliquait ainsi cette tendance : « la filière alimentaire ne peut plus négliger la tendance au nutritionnellement correct. C’est un enjeu important compte tenu du vieillissement de la population et de l’augmentation des pathologies comme le diabète dans les pays développés ». Avant d’ajouter que « compte tenu de la réglementation, les industriels réfléchissent à deux fois avant de se lancer ». Certains analystes vont même jusqu’à s’avancer en disant que se positionner sur les aliments santé n’est plus seulement viser une niche de marché, mais bel et bien une condition de pérennité pour les entreprises agroalimentaires.
Mais l’EFSA, l’Autorité européenne de sécurité des aliments opère un strict contrôle sur les allégations santé prônées par les industriels. Ainsi, entre 2008 et 2011, elle a rejeté 90% des demandes effectuées, que cela concerne des aliments estampillés « faibles en graisses », « sans sucre ajouté » ou même « riche en fibres ». Cécile Rauzy,de l’ANIA, Association nationale des industries agroalimentaires, déplorait que les exigences de l’EFSA portent plus sur des critères pharmaceutiques que nutritionnels. Ce qui pourrait freiner de nombreux industriels du secteur de tenter l’expérience de la demande d’allégations santé. Car sur la période 2008-2011, c’est tout de même 2 758 demandes qui ont été recensées par l’EFSA.
L’arrivée du règlement européen sur l’information du consommateur, adopté la semaine dernière et qui sera publié avant la fin de l’année, sera un changement majeur pour les entreprises agroalimentaires qui seront désormais obligées d’afficher un étiquetage nutritionnel selon le référentiel défini par l’Europe. Cécile Rauzy estimait ainsi que sur les « 10 000 entreprises que compte l’industrie agroalimentaire française, 95% sont des PME dont beaucoup n’ont jamais fait d’étiquetage ni d’analyse nutritionnelle ».
Pour corser un peu plus la chose, à partir de 2012, l’EFSA donnera son avis sur les demandes d’allégations santé, puis ce sera au tour de la Commission européenne de donner le sien avant publication. De quoi décourager non seulement les PME, mais peut-être également certains grands groupes. Cependant, l’argument avancé par certains analystes selon lequel les alicaments autoriseraient des marges de 13% à 18% contre 12% pour les produits ordinaires, ce qui marginaliserait l’impact de la hausse du coût de certaines des matières premières, donnera sûrement envie à certaines entreprises de tenter le coup.
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