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Comment l’intelligence artificielle transforme l’industrie de la boisson

L’industrie des boissons vit une mutation profonde. Après des décennies marquées par des innovations technologiques centrées sur l’automatisation et la standardisation, une nouvelle révolution s’installe : celle de l’intelligence artificielle (IA). L’édition 2025 du salon Drinktec, qui vient de fermer ses portes, a confirmé que l’IA est bien devenue un outil transversal, au cœur du développement produit, de la production, …

Comment l’intelligence artificielle transforme l’industrie de la boisson
L’industrie mondiale des boissons entre dans une nouvelle ère. Les algorithmes deviennent des partenaires de création, les plateformes cloud des alliées de durabilité et les systèmes prédictifs des garants de qualité. Du whisky artisanal allemand de Marco Bonn aux brasseries mondiales de Carlsberg ou Heineken, un même constat s’impose : l’intelligence artificielle redéfinit la manière de produire, d’innover et de dialoguer avec les consommateurs. La route reste semée de défis, mais les perspectives sont claires. Comme l’a résumé Florian Schneider de Ziemann Holvrieka : «Globalement, les données passeront du statut de simple rapport administratif à celui de principal levier de rentabilité et de durabilité, et des plateformes comme ZiemannAnalytiX, propulsée par Indexex, sont conçues pour accompagner ce changement». Pour les professionnels de l’agroalimentaire, le message est limpide : l’IA n’est plus seulement un outil, elle est un ingrédient essentiel du futur de l’industrie des boissons.

L’industrie des boissons vit une mutation profonde. Après des décennies marquées par des innovations technologiques centrées sur l’automatisation et la standardisation, une nouvelle révolution s’installe : celle de l’intelligence artificielle (IA). L’édition 2025 du salon Drinktec, qui vient de fermer ses portes, a confirmé que l’IA est bien devenue un outil transversal, au cœur du développement produit, de la production, du marketing et de la logistique. Brasseries, caves, fabricants de boissons gazeuses ou maisons de spiritueux, tous cherchent désormais à intégrer des solutions d’IA pour rester compétitifs dans un marché global en constante évolution.

De l’algorithme au goût, l’IA redessine la création produit

Le développement de recettes, auparavant réservé aux maîtres-brasseurs, œnologues ou assembleurs de cafés, est aujourd’hui enrichi par la puissance de calcul des algorithmes. Les outils d’IA analysent les données sensorielles, les tendances de consommation et les retours clients pour accélérer l’innovation.

Ainsi, Carlsberg au Danemark a lancé le projet Beer Fingerprinting, capable de cartographier et d’optimiser des recettes de bière grâce à l’analyse moléculaire automatisée. En Belgique, des chercheurs de la KU Leuven utilisent des modèles prédictifs pour créer de nouvelles bières sans alcool, dont certaines surpassent en tests de dégustation les références traditionnelles. Dans le secteur du café, Helsinki a vu naître le mélange « AI-conic », élaboré par des algorithmes et accompagné d’un packaging intégralement généré par IA.

Ces initiatives montrent que l’IA n’élimine pas le rôle de l’expertise humaine mais qu’elle agit comme un laboratoire accéléré, capable de tester virtuellement des milliers de combinaisons avant que les maîtres du goût n’affinent les choix finaux. Comme l’a rappelé Annick Seiz, ambassadrice du Délice, lors de Drinktec, «l’intelligence artificielle est non seulement un moteur d’efficacité, mais aussi une force créatrice dans l’industrie internationale des boissons».

Quand l’IA s’invite sur les étiquettes avec le packaging augmenté

Le design des bouteilles et des canettes est devenu un véritable champ de bataille commercial. Les outils génératifs tels que Midjourney, DALL-E ou Stable Diffusion transforment la création visuelle en démocratisant un travail autrefois long et coûteux.

Heineken a par exemple présenté à Drinktec ses campagnes d’étiquettes personnalisées, adaptées aux goûts culturels de chaque marché. Cette agilité permet de multiplier les collections limitées ou saisonnières et de renforcer l’attachement local à des marques globales.

«La qualité pure des produits ne suffit pas à se démarquer», explique Marco Bonn. «Le succès repose aussi sur une créativité audacieuse en matière de marketing et de packaging».

Un cas emblématique a été mis en avant : celui de la marque de whisky ADOS (A Dream Of Scotland), développée par Marco Bonn, fondateur de la Brühler Whiskyhaus en Allemagne. Face aux coûts élevés et à la rareté de graphistes disponibles, Marco Bonn a pris en main la création d’étiquettes en s’appuyant sur des logiciels d’IA. Résultat : des visuels percutants, parfois clivants, mais qui contribuent à un succès commercial reconnu par l’obtention du prestigieux Gold Award du Whisky Ambassador en 2024. «La qualité pure des produits ne suffit pas à se démarquer», explique Marco Bonn. «Le succès repose aussi sur une créativité audacieuse en matière de marketing et de packaging».

Du marketing de masse à l’hyper-personnalisation

La donnée client est l’autre terrain de jeu privilégié de l’IA. Des géants comme Diageo (propriétaire de Johnnie Walker et Guinness) exploitent l’analyse des réseaux sociaux, des historiques d’achat et du comportement de consommation pour déployer des campagnes ciblées, jusqu’au niveau individuel.

Près de la moitié des entreprises interrogées à Drinktec affirment avoir constaté un retour sur investissement direct grâce à ces outils basés sur l’IA : recommandations personnalisées, chatbots conversationnels ou publicités hyper-segmentées. La promesse est claire : transformer chaque interaction en opportunité de fidélisation.

L’usine intelligente synonyme d’efficacité, de durabilité et de maintenance prédictive

Au-delà du marketing et de la création, l’IA est en train de transformer la colonne vertébrale de l’industrie à savoir la production. Les systèmes connectés collectent en temps réel des données sur les machines, l’embouteillage ou la consommation énergétique. L’IA les traduit en alertes ou en recommandations actionnables. Elle prend en charge la maintenance prédictive, l’assurance qualité lors de l’embouteillage, réduit les temps d’arrêt, diminue les déchets et améliore l’efficacité.

L’exemple de Coca-Cola illustre cette tendance. En effet, ses algorithmes optimisent la gestion des stocks et réduisent les émissions de CO₂ grâce à une planification logistique avancée. Dans les laboratoires, les robots assistés par IA accélèrent ainsi la mise au point de nouveaux mélanges (comme les poudres de cappuccino) et la classification automatisée (comme le système «SmartDate» pour les jus).

«La logistique pilotée par l’IA réduit les temps de transport tout en réduisant les coûts, et contribue à réduire le gaspillage alimentaire et la consommation d’énergie», rajoute Annick Seiz à Drinktec où le concept de Data2Value a été également au cœur des discussions.

Dans une interview accordée à Lucia Baier, responsable contenu chez Yontex, Florian Schneider, directeur général et CCO de Ziemann Holvrieka, a résumé l’enjeu : «Pour nous, les données sont comme un ingrédient supplémentaire dans chaque brassin. Grâce à un petit module d’extension, nous connectons le système de contrôle existant de chaque brasserie à Internet. Dès lors, nous collectons des chiffres clairs et précis sur chaque lot en temps réel. Le logiciel de notre partenaire Indexex, que nous co-développons, transforme ensuite ces chiffres en données simples sur lesquelles les brasseurs peuvent agir, comme une « température de cuve trop élevée » ou un « temps de refroidissement plus long que la normale ». Chaque nouveau produit que nous concevons est conçu pour faciliter la capture et l’utilisation de ces données».

Transformer la donnée en levier économique

L’entretien de Florian Schneider a montré à quel point l’IA est en train de changer la culture des brasseurs. «Auparavant, les brasseurs conservaient leurs données uniquement pour garder une trace. Aujourd’hui, ils veulent des réponses rapides, comme un signal d’alarme en cas de déviation ou un chiffre précis indiquant la quantité de bière perdue au cours d’un processus», explique-t-il.

Cette mutation est cruciale pour l’agroalimentaire. La donnée n’est plus seulement un élément d’archivage, elle devient un outil d’action immédiate. Florian Schneider insiste : «Nos clients sont passés du «tout collecter» au «dire précisément ce qui compte». Cela change radicalement leur manière de travailler».

Une bascule qui correspond à l’évolution du marché : les supermarchés, les distributeurs et les investisseurs exigent désormais des rapports clairs sur l’empreinte carbone et l’efficacité énergétique. «Les brasseries ont besoin de rapports prêts à l’emploi, qu’elles puissent partager directement avec leurs partenaires commerciaux. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons conçu ZiemannAnalytiX », souligne Florian Schneider.

La plateforme Indexex a déjà été déployée auprès de brasseries européennes, produisant des résultats mesurables, notamment des gains d’efficacité à deux chiffres et d’importantes économies de ressources. Elle est devenue un outil de digitalisation important qui aide les brasseries à optimiser leur efficacité, à réduire leur consommation de ressources et à atteindre une croissance durable. Pour préparer la solution à une envergure mondiale, Ziemann Holvrieka a testé la plateforme de manière approfondie dans sa brasserie pilote de pointe de Ludwigsburg, l’une des installations de brassage modulaires les plus avancées au monde. Le système a été mis à l’épreuve dans divers scénarios de brassage, confirmant sa robustesse, son adaptabilité et son évolutivité.

La transformation numérique du secteur brassicole

L’IA change aussi la temporalité de la production. «Grâce à l’intelligence artificielle, une brasserie peut cesser de lutter contre les incendies et commencer à les prévenir», affirme Florian Schneider.

Le service cloud Ziemann AnalytiX, optimisé par Indexex, en est l’exemple concret. Indexex, leader des jumeaux numériques industriels et de l’analyse pilotée par l’IA, coopère avec Ziemann Holvrieka, l’un des fabricants d’équipements les plus importants et les plus respectés au monde pour l’industrie brassicole et des aliments liquides. Grâce à cette collaboration, les deux entreprises ont lancé Ziemann AnalytiX, optimisé par Indexex, la première et unique plateforme de digitalisation complète et éprouvée au monde pour les brasseries.

«Le logiciel détecte automatiquement les gaspillages d’énergie, compare la production du jour à la meilleure production passée et avertit le personnel avant toute baisse de qualité», détaille-t-il. Cette anticipation ouvre la voie à des gains considérables. «Chaque déviation évitée, chaque kilowatt économisé et chaque lot préservé se traduisent en rentabilité directe pour la brasserie », explique Florian Schneider.

La plateforme Indexex a déjà été déployée auprès de brasseries européennes, produisant des résultats mesurables, notamment des gains d’efficacité à deux chiffres et d’importantes économies de ressources. Elle est devenue un outil de digitalisation important qui aide les brasseries à optimiser leur efficacité, à réduire leur consommation de ressources et à atteindre une croissance durable. Pour préparer la solution à une envergure mondiale, Ziemann Holvrieka a testé la plateforme de manière approfondie dans sa brasserie pilote de pointe de Ludwigsburg, l’une des installations de brassage modulaires les plus avancées au monde. Le système a été mis à l’épreuve dans divers scénarios de brassage, confirmant sa robustesse, son adaptabilité et son évolutivité.

Indeex et Ziemann proposent désormais cette solution éprouvée et validée au secteur brassicole mondial des entreprises sous la marque commune Ziemann AnalytiX powered by Indexex. Cette combinaison de déploiements sur le marché réel et de validation OEM donne aux brasseries la confiance nécessaire pour adopter une solution créatrice de valeur dès le premier jour.

Ainsi, contrairement aux offres traditionnelles qui se limitent à des tableaux de bord de conditionnement ou à des projets pilotes, la plateforme offre un véritable jumeau numérique de l’ensemble du processus brassicole : de la brasserie et de la fermentation à la filtration, aux utilités et au conditionnement. Elle s’intègre parfaitement aux systèmes et capteurs SCADA existants, ne nécessite aucun matériel supplémentaire et peut être déployée en quelques jours au lieu de plusieurs mois. Au-delà de la visualisation des données, le système utilise l’IA pour générer des recommandations concrètes, permettant aux brasseries d’éliminer les goulots d’étranglement, d’optimiser leurs performances et de réaliser des gains mesurables en termes d’efficacité et de durabilité.

« La transformation numérique du secteur brassicole doit être à la fois éprouvée et concrète, et non pas seulement conceptuelle », a déclaré Dimitris Garagounis, fondateur et directeur général d’Indeex. «La plateforme Indexex a fait ses preuves dans toute l’Europe, a été validée par Ziemann à Ludwigsburg et est désormais déployée à l’échelle mondiale auprès des entreprises. Cette coopération allie le meilleur des deux mondes : une technologie spécifique aux brasseries et une expertise brassicole. » Florian Schneider, directeur commercial de Ziemann Holvrieka, a ajouté : « Avec Ziemann AnalytiX, optimisé par Index, nous transformons les données en valeur mesurable. Nos experts traduisent les indicateurs clés de performance (KPI) identifiés en concepts d’optimisation personnalisés, que nous mettons en œuvre avec nos clients, pour une transparence, une efficacité et une durabilité accrues à chaque lot».

L’IA comme service, un nouveau modèle économique

Au-delà de la technique, c’est le modèle économique qui se transforme. Florian Schneider prédit que l’industrie passera progressivement à une logique d’abonnement : «Nous allons vers un système où les brasseries ne paieront plus un logiciel lourd à l’achat, mais des résultats, sous forme d’abonnements. Les économies d’énergie deviendront un service, et non plus une conséquence indirecte».

Cette vision est cohérente avec la montée en puissance des solutions cloud. «De petits îlots au sein de la brasserie s’autogéreront grâce à l’IA, minute par minute», ajoute-t-il. «Même les installations plus anciennes pourront en bénéficier, car nos outils sont conçus pour être faciles à installer sans refonte totale des systèmes».

Pour que ces promesses se concrétisent, certaines conditions doivent être réunies. Florian Schneider en identifie quatre. Premièrement, les données doivent être stockées en toute sécurité et respecter les lois sur la confidentialité. Deuxièmement, il faut un moyen stable de transmettre les données de l’usine de brassage au cloud. Troisièmement, les chiffres doivent être clairs et correctement étiquetés pour être compréhensibles aussi bien par les ordinateurs que par les humains. Enfin, il faut que les équipes comprennent la signification de ces données, ce qui nécessite souvent de la formation et l’assistance d’experts. Des propos qui résonnent fortement avec les préoccupations des professionnels du secteur agroalimentaire : la cybersécurité, la montée en compétence des équipes et la fiabilité des infrastructures sont autant de défis qui conditionnent la réussite des projets IA.

L’intelligence artificielle redéfinit la manière de produire

Malgré l’enthousiasme d’un tel outil, plusieurs défis demeurent. L’IA exige une forte consommation énergétique et une infrastructure numérique stable, deux points sensibles dans une industrie déjà confrontée à des enjeux de sobriété en eau et en énergie. Les investissements initiaux peuvent être lourds, en particulier pour les PME. S’ajoutent des enjeux humains à savoir la pénurie de talents qualifiés pour exploiter les outils, les inquiétudes autour de la protection des données et résistance culturelle face à des systèmes perçus comme opaques. Comme l’a rappelé Annick Seiz à Drinktec, « l’interface entre l’homme et la machine perdurera : les ajustements sensoriels finaux, la gestion émotionnelle des marques et la créativité restent des domaines où l’humain est irremplaçable».

L’industrie mondiale des boissons entre dans une nouvelle ère. Les algorithmes deviennent des partenaires de création, les plateformes cloud des alliées de durabilité et les systèmes prédictifs des garants de qualité.

Du whisky artisanal allemand de Marco Bonn aux brasseries mondiales de Carlsberg ou Heineken, un même constat s’impose : l’intelligence artificielle redéfinit la manière de produire, d’innover et de dialoguer avec les consommateurs. La route reste semée de défis, mais les perspectives sont claires. Comme l’a résumé Florian Schneider de Ziemann Holvrieka : «Globalement, les données passeront du statut de simple rapport administratif à celui de principal levier de rentabilité et de durabilité, et des plateformes comme ZiemannAnalytiX, propulsée par Indexex, sont conçues pour accompagner ce changement». Pour les professionnels de l’agroalimentaire, le message est limpide : l’IA n’est plus seulement un outil, elle est un ingrédient essentiel du futur de l’industrie des boissons. (Source Drinktec)

ParLa rédaction

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