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Peut-on encore innover dans la tendance santé ?

Avec plus de 2 ans de retard sur le calendrier prévu [1], une première liste positive de 222 allégations de santé générique vient d’être adoptée par la commission européenne. Cette adoption est capitale puisqu’elle implique désormais une obligation de mise en conformité pour tous les produits dans les 6 prochains mois, avec forcément des répercussions sur les stratégies des …

Avec plus de 2 ans de retard sur le calendrier prévu [1], une première liste positive de 222 allégations de santé générique vient d’être adoptée par la commission européenne. Cette adoption est capitale puisqu’elle implique désormais une obligation de mise en conformité pour tous les produits dans les 6 prochains mois, avec forcément des répercussions sur les stratégies des entreprises.

 

Petit rappel des épisodes précédents

Avant décembre 2006, il était possible de faire des allégations sur un produit alimentaire à condition de pouvoir prouver ce qui était avancé. Le principe de la loi était : « ce qui n’est pas interdit est autorisé ».

 

Fin décembre 2006, le règlement 1924/2006 portant sur les allégations nutritionnelles et de santé est publié. Son but est d’une part de protéger les consommateurs des allégations trompeuses et d’autre part d’harmoniser les réglementations européennes. Le règlement prévoit la mise en place de listes positives d’allégations nutritionnelles (riche en…source de …) ou de santé (calcium et santé osseuse). Le principe de la loi change « ce qui n’est pas autorisé est interdit » !

Les industriels ont alors jusqu’au 30 juillet 2008 pour déposer leurs demandes d’allégations de santé générique (art. 13,1) et la commission jusqu’au 31 janvier 2010 pour adopter une liste positive.

Ce que personne n’avait prévu, c’est le nombre de demandes : plus de 10 000 au départ dont 4 336 retenues après un premier tri !

Les experts de L’EFSA commencent leurs évaluations et décident d’écarter toutes les demandes concernant les extraits végétaux (1 578) qui seront étudiées ultérieurement.

Restent 2 758 dossiers étudiés par les experts. En résulteront la publication d’avis en 6 lots, dont le dernier est daté du 28 juillet 2011, et enfin, 222 allégations positives adoptées par la commission européenne le 16 mai 2012.

 

Les happy fews et les grands perdants

Parmi les 8 % d’allégations autorisées au final, les vitamines et les minéraux s’octroient la part du lion, ce qui n’a rien de surprenant car ce sont des nutriments connus dont les bénéfices santé sont scientifiquement admis et documentés.

Mais les vrais gagnants sont les rares privilégiés à avoir obtenu un sésame sur les allégations qui font les « tendances ». Par exemple, la fibre de konjac (Glucomannan), seul ingrédient à avoir obtenu une allégation sur la perte de poids ou le lactulose, qui a obtenu une allégation sur l’accélération du transit intestinal. Il est prévisible que ces ingrédients seront prochainement intégrés dans de nombreuses formulations…

 

Côté perdants, les probiotiques arrivent en tête de liste, eux qui nous ventaient le renforcement de nos défenses naturelles et l’amélioration de notre confort intestinal se sont vus déboutés de toutes leurs demandes… pour le moment !

 

Les différentes stratégies des industriels

Si cette réglementation a mis un gros pavé dans la mare du monde agroalimentaire, donnant un grand coup de frein à l’innovation et un coup de froid chez les plus ambitieux, la riposte s’organise et les stratégies des uns et des autres se (re)mettent en place. Ces stratégies sont diverses :

  1. Rester dans le cadre de la loi en en utilisant les 222 allégations autorisées, ce qui laisse tout de même la possibilité d’innover sur de nombreux sujets : des fonctions cognitives à la santé de la peau, de la régulation du cholestérol ou de la glycémie à un meilleur endormissement…etc.
  2. Déposer une nouvelle demande d’allégation. La plupart des rejets ont été motivés soit par un manque de caractérisation de l’ingrédient, soit par manque de preuves cliniques. Les industriels peuvent donc faire le choix de redéposer un dossier plus en adéquation avec les exigences des experts.
  3. Profiter des opportunités de cette liste pour se remettre dans la loi. Ex : Danone a vu sa demande d’allégation sur Actimel rejetée par les experts de l’EFSA. En conséquence, Danone a supprimé les allégations sur l’immunité et les défenses naturelles sur tous ses packagings. En revanche, la loi autorise ce type d’allégations pour les produits contenant de la vitamine C. Résultats Actimel Powerfruit, source naturelle de vitamine C a été lancé en Belgique et allègue sur les défenses naturelles.
  4. S’orienter sur d’autres marchés (Asie, Amérique du Nord) où la réglementation est plus permissive et revenir à des allégations plus « soft » sur le marché européen.

 

On le voit : les rejets massifs des demandes d’allégations santé ont entraîné un certain flou et un manque de visibilité pour les industriels, renforcé par la crise économique. Toutefois il semble que désormais les sociétés aient pris la mesure de la situation et qu’elles se soient remises en ordre de bataille, prêtes à innover de nouveau, dans le respect de la loi, pour répondre aux attentes des consommateurs qui aspirent à plus de bien-être…. et qui ont l’ambition de vieillir en bonne santé.



[1] règlement 1924/2006

 

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ParLa rédaction
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